mardi, juillet 21, 2009

L’Afrique et…

LA CONSTITUTION



Ils ont tort ceux qui soutiennent que les Africains ont peu de respect pour la Constitution. C’est méconnaitre l’attachement de ces peuples aux codifications ; qu’elles fussent écrites ou non. Dépositaires des traditions et cultures parfois millénaires, les Africains sont pétris de "la loi et l’ordre". Ils sont, pour ainsi dire, tombés dedans étant petits. Car c’est du sein de sa mère que l’enfant tète les us et coutumes qui réguleront toute son existence future. La représentation et la symbolique lui tiendront après lieux de trame fondatrice de la vie en société. C’est dès cette assise sécurisante, qui réduit et annule l’angoisse- une prolifération de messages, l’Occident en sait quelque chose, porte les germes de la paranoïa, voisine de la schizophrénie- que l’homme s’implique aux autres ; interprète et ajuste constamment sa position avec les autres. Or donc pour l’étranger la vie en Afrique est un réel parcours du combattant, contraignante et balisée d’innombrables signes de pistes. L’Africain, lui, s’y meut aisément ainsi qu’un poisson dans l’eau. Car dans l’apparent désordre ambiant un code usuel organise les représentations et les jeux des rôles.
Dès le point de la modernité en Afrique- c’est la Colonisation !- l’autochtone s’est vite avisé que la Constitution était un instrument qui ressemblait étrangement, si l’on colligeait le tout, au foisonnement épars de l’oralité. Et qu’elle possédait donc la vertu de cristalliser, en les fixant physiquement, donc durablement, les lois, les droits et obligations. On pouvait également y insérer les prescriptions culturo-traditionnelles- le droit coutumier ! Tout cela pour un formidable gain de l’information que la tradition orale ne pouvait assurer. Tant, de par sa nature, le "bouche à oreilles" est caractérisé par une inévitable et considérable perte de l’information. Or donc - les paroles s’envolent mais les écrits restent- la transmission orale des messages n’a jamais reposé que sur la mémoire, notoirement reconnue peu fiable, et la répétition automatique des mœurs dont le temps souvent érode la richesse. Lors il ne travestit tout simplement pas le message.
Depuis les Africains entretiennent avec la Constitution un rapport passionnel. Comme si leur vie en dépendait. De fait le sang de valeureux fils du Continent, et plus encore celui des moins illustres, a été versé sur l’autel du légalisme. Puisque les pouvoirs politiques, des indépendances à nos jours- quarante ans pour la majorité des pays africains- ont toujours instrumentalisé la Loi-cadre pour des fins de pérennité. Pour le temps qu’ils croyaient, souhaitaient, et parfois disaient pouvoir durer. Car il en fut, aujourd’hui disparus, pour se proclamer éternels sur la foi d’une constitution taillée sur mesure. Et le peuple qui y croyait- à la Constitution- d’y prêter foi, ou de feindre d’y croire. C’était l’époque des "Pères fondateurs". Et l’Afrique, faussement éplorée, vient d’assister à la disparition de l’un des derniers de ces dinosaures. Après quarante ans de règne ! L’ultime spécimen de ces monstres- injustement réputes sacrés- court toujours les bois du pouvoir ; fermement décidé à faire mentir le fatal et funeste destin d’une espèce décimée. Or donc le seul déterminisme des hommes de pouvoir semble : du pouvoir savoir se pourvoir, toujours !
Les Pères fondateurs ont, pour certains, combattu pour les indépendances. D’autres ont tout simplement attendu patiemment-ou opportunément- que le pouvoir tombât dans leur escarcelle. Par inadvertance ; ou par un coup de force, autrement plus efficace.
Des constitutions "clefs en mains" clouèrent leurs sièges sur le socle du pouvoir. Devenus "légalement" inamovibles ils en oublièrent la succession. Cette omission constitue l’une des causes majeures de l’instabilité politique en Afrique !
Le vent de la démocratisation des années quatre-vingt dix aéra quelque peu les constitutions africaines. Exit le "Parti-État", unique en son temps, pour le "multipartisme" ; terme générique désignant une "réingénierie" de l’environnement politique nationale. Au vrai, une reconversion de façade : l’opposition, émargeant au budget du président, assurait à celui-ci la légitimité que conférait une élection "démocratique", puisqu’ouverte à tous. Mais pour le bénéfice d’un seul, le président sortant… et aussitôt rentrant ! Le tout, bien entendu, dans le strict respect de la Constitution puisque les populations y attachent une grande importance- à la Constitution ; pas à son respect…
Les choses, fort heureusement, ont considérablement évolué de nos jours : nul ne penserait plus à passer outre les prescriptions et les proscriptions de la Loi-cadre. La Communauté internationale veille à la scrupuleuse application de cette dernière ; les contrevenants s’exposant à de multiples sanctions dont seul le Conseil de sécurité (de l’Onu) a le secret.
Des petits malins en Afrique (mais aussi en Amérique latine) ont tôt fait de trouver l’implacable parade : faire l’idiot. Respecter la Constitution, tout le monde le sait, c’est observer ce qui est écrit. Point final. Or donc il n’y est nulle part mentionné que l’on doive faire autre chose que cela. Ainsi nos apprentis-sorciers ont trouvé le moyen de faire sauter le verrou des controversés multiples mandats présidentiels généralement limités à deux consécutifs. Rien pour impressionner ces nouveaux génies de la politique. Il s’agit d’amender la loi lors on dispose de la majorité parlementaire. Facile, il ne suffisait que d’y penser. La Loi l’interdit ? Aucun problème, on va à referendum, que le peuple décide ! Et comme celui-ci, bizarrement, "décide" toujours dans le sens de celui qui sort et doit impérativement rentrer…Mais si aucune de ces contraintes ne suffit, si même le recours au referendum, dans ce cas de figure, est proscrit par la Constitution, le président use de ses "prérogatives présidentielles". Il dissout la Cour constitutionnelle. Pour en reconstituer une nouvelle mieux disposée à son égard. Voila, le tour est joué, la Loi est respectée. Quant à son "esprit"… Mais de quel esprit parle-t-on donc ? On est en politique. Pas en religion !
Rien n’arrête les avancées démocratiques en Afrique. Tant pis pour les occidentaux qui manquent manifestement d’ingéniosité. Leurs leaders politiques ont tout à apprendre de leurs homologues africains ; lesquels ont su, comme des grands, démonter tous les ressorts de la Constitution. En ce deuxième millénaire peu de présidents africains en fin de mandat ont résisté à la tentation de "fidéliser", d’instrumentaliser la Constitution, de rouvrir ses textes pour les amender, les pervertir, leur faire dire, non point le contraire (ils ne sont pas fous ces Africains !), mais "à peu près" ce qu’ils voulaient dire.
Or donc une constitution ne parle pas. On lui fait dire. De préférence avec le concours du peuple. Qu’importe le parjure, quand on n’a jamais juré de ne pas se parjurer. Sauf si le fait est explicitement écrit dans la Constitution. Et même encore…
S’il y a des choses qui se respectent en Afrique, la Constitution en est. On l’aime plus que son prochain, on respecte ses textes stricto sensu, on s’en fait commander une neuve une fois au pouvoir, on finit par lui demander l’éternité !
EMERY G. UHINDU-GINGALA

vendredi, juillet 10, 2009

LA RADIO DE GRANP-PERE
Un demi-siècle à peine nous sépare peut-être du temps où la voix sortant de la radio était considérée comme mythique ; sinon mystique. Dans les villages africains, et dans les grandes cités urbaines, l’on subodorait quelque étrangéité- la redoutée sorcellerie de l’homme blanc- à entendre des voix, des gens parlant à l’intérieur de cette petite boîte. Car- et la logique était imparable- ceux qui ainsi devisaient aisément dans le transistor devaient forcément s’y trouver !
Mon grand-père arguait toujours, avec la certitude de qui est dans les secrets des dieux, que ce qu’il avançait il l’avait entendu à la radio. Point final. Ses propos ne pouvaient donc souffrir la moindre discussion à cause de leur provenance quasi occulte. Or donc la radio était un médium (au propre comme au figuré) qui traçait, à elle seule, les contours d’un paradigme de la nouvelle communication d’alors. Telles étaient les choses à l’époque ; telles sont-elles aujourd’hui : le même crédo est servi pour Internet, nouveau Deus Ex Machina, et d’où chacun croit tirer la Vérité. L’outil- "La Toile", "Le Web"- aujourd’hui, contrairement à la radio d’ hier, distille une somme illimitée d’informations lesquelles, hélas, sont rigoureusement tenues pour vraies. Pourquoi ? Mais parce qu’elles sont sur Internet ! Ben voyons…
La crédibilité de la tentaculaire toile n’est plus à démontrer, Internet n’a rien à justifier, il est justifié de facto en une réflexion tautologique. Mais avec un tel panache qu’il obnubile les esprits les moins exercés à l’analyse.
Or donc le diktat d’Internet est à ce point puissant que toutes nos habitudes de vie se trouvent aujourd’hui changées, modulées, reconfigurées à l’aune de cette nouvelle panacée. Car on peut tout y faire d’un simple clic ; à partir de chez soi. Partant, notre appréhension du monde ambiant et notre relation à l’altérité sont désormais réputées virtuelles. Ou simplement cyber-réelles !
Une telle évolution/révolution de notre écologie psychologique- il n’est pas plus paradigmatique qu’Internet !- n’a pu se faire sans dommages…collatéraux. Ceux qui ne disposent guère de la "vision périphérique" nécessaire, l’essentielle connaissance générale, s’empêtrent dans la toile, englués dans une fatale naïveté. Parce que Internet fourvoie, piège, tue l’imaginaire et la créativité collectifs au profit d’une pensée unique qui ne dit pas son nom.
Religion sans spiritualité, divinité païenne et profane, totem et institution bâtarde, démiurge de la confusion, signifiant souvent l’insignifiant, territoire du digital et pervers prétendant au symbolique, Internet prône une culture orpheline qui incite et débouche au culte de l’ignorance ; débauchant au passage même des esprits d’ordinaire alertes mais trahis par une inconséquente distraction. Car Internet séduit, lorsqu’il ne déprave tout simplement pas des mœurs obligeamment disposées au sacrifice. Et à la facilité. On le sait, la tentation est grande de se pourvoir du tout cuit sur la profuse prodigalité du Web. Au profit d’un savoir bâclé, emprunté, triché, volé…
Alors même que tous y vont, chacun s’y croit incognito dans sa sombre et inavouable quête de l’insu. Aux seuls fins de bluffer ! La toile regorge des perles qui font briller en public. Ou façonnent l’homme public. Or donc le plagiat n’est pas toujours, loin s’en faut, l’apanage des ignorants. Tant il faut une dose de connaissance pour savoir quoi et où emprunter ; tel le pêcheur qui sait exactement où jeter ses filets !
Ces pêcheurs là- et néanmoins pécheurs- représentent, avec ceux dont le web constitue réellement un outil de travail, une infime minorité. Ces derniers surtout surfent sur la toile- mais c’est ni vu ni connu- dans l’opaque voisinage de pirates de tous borsa, les analphabètes, les adeptes de You-Tubes, les enfants de chœur et autres gourous-diseurs de bonne aventures, le tout dans une joyeuse et aveugle promiscuité. Heureusement, sinon d’aucuns ne s’y rendraient guère par crainte de l’amalgame…
Internet demeure un formidable outil aux applications illimitées. Il enrichit les riches et appauvrit les pauvres en esprit. Il ne peut que s’améliorer sans risque d’être jamais dépassé. A l’instar d’ailleurs de la radio. Or donc ce que l’on trouve sur l’un et ce que dit l’autre demeureront, il est à craindre, sacré. Tel ce veau d’or que jadis certains adorèrent. Mon peuple meurt faute de connaissance
EMERY G. UHINDU-GINGALA

mercredi, juillet 01, 2009

WWW.CONS



Internet, haut-lieu de l’inculture, où des analphabètes vont s’abreuver d’un savoir qu’ils ont échoué à acquérir sur les voies ardues de l’érudition, lesquelles sollicitent l’intellect.Sur la toîle on ne réfléchit pas, le cerveau est englué dans une béatification crée par d’autres idiots. On n’y trouve de tout : des pirates, des marins d’eau douce, et tous les éclopés intellectuels, tous naviguent longuement dans cette fange de la connerie, trois fois infestée par la lettre virale, le w, à la recherche d’un trésor divulgué, exposé avec indécence par les conservateurs de la bêtise. La toîle tentaculaire coiffe, en tentant de la dissimuler, une galerie de la sottise où les œuvres des artistes de l’incohérence se conjuguent à tous les temps, le vrai côtoyant le faux, dans une indescriptible promiscuité, l’anthologie de la racaille a désormais pignon sur rue, on navigue sur Internet, non pas pour s’instruire, mais pour se salir la pensée, pour s’abêtir allègrement!
EMERY UHINDU-GINGALA