samedi, janvier 29, 2011

LA REPUBLIQUE DU GOLF

C’est la plus petite entité politique au monde après la Cité du Vatican. Les deux portions congrues sont enclavées, situées à l’intérieur d’un pays. On y retrouve d’éminences grise pour l’une et…noire pour l’autre. Les messes papales au Vatican sont courues alors qu’au "Golf" un gourou de la finance internationale- un fait susceptible d’éclairer bien des zones d’ombres- officie des messes basses où seuls sont admises les initiés. Versets et Te Deum d’un côté ; sourates psalmodiés de l’autre. Des cultes pour conjurer le même sort : l’étroitesse du lieu de leur pérégrinations. Aussi pour dire que les voies qui mènent à la "fraternité des confessions" empruntent parfois des détours déroutants pour le commun des mortels !

Or dès la République du Golf, du haut de cette tour d’ivoire devenue "la prunelle des yeux du monde", on devrait aisément y voir (sans ce mauvais jeu de mots éculé sur les "Y voient rien") les turpitudes du monde à l’entour. Or ici personne ne semble n’en être touché ni éclaboussé. On y est à l’abri et servi par les airs. C’est que, les dieux de l’Occident, que souvent là-haut on invoque en force louanges, pourvoient au quotidien. A ces salutaires hauteurs on incline à l’indifférence et à l’insensibilité. Ainsi donc ce qui se passe en Tunisie n’est qu’"un détail de l’Histoire". Car l’Histoire, la vraie, la seule qui mériterait qu’on s’y attarde, celle qui devrait faire date, les histoires qu’on devrait léguer à la postérité africaine, cette histoire-là s’écrit sous les yeux ébahis du monde entier à partir de la République du Golf ! Inch’Allah !

Peu de temps avant sa mort, Franklin Boukaka, jeune chansonier engagé du Congo-Brazzaville, posait ceci qui a été oublié avec son souvenir : « …Tout le monde doit mourir un jour. Mais toutes les morts n’ont pas la même signification ! ». Les morts que pleurent les Tunisiens n’égalent toujours pas en "valeur" celles qu’on déplore dans les quartiers "pro-ouattaristes" d’Abidjan ! Pour les unes on crie au TPI ; et on se tait au sujet des autres. Une politique de "deux poids, deux mesures" qui frise l’indécence. La confusion conceptuelle est telle que nul ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer. Ou qui des deux protagonistes- Gbagbo et Ouattara- doit s’en réjouir.

Cette ambivalence de la communauté internationale est tout simplement inquiétante à plusieurs égards. Elle introduit déjà dans le droit international un principe de préférence basé sur une dangereuse subjectivité. Elle s’apparente, par certains côtés, au "droit d’ingérence humanitaire" cher au docteur Bernard Kouchner. Si l’intention est vertueuse, son application soulève de nombreuses questions pratiques qui ne trouvent toujours pas de réponse. Qui est habilité à constater le délit pour ensuite décider de la salvatrice intervention ? Et sur quels critères objectifs ? Qu’en est-il du quorum à atteindre, et de la majorité que devrait retenir cette "assemblée des Justes" : simple ou qualifiée ? Le répertoire, on le voit, peut quasiment s’étendre à l’infini pour peu qu’on est inventif.

Autre sujet d’inquiétude : est-ce à dire que le principe de souveraineté des nations, consacré par…les Nations Unies est désormais obsolète ; ou seulement que le cas de la Côte d’Ivoire ne constitue qu’une parenthèse. Et qu’une fois qu’elle sera refermée les choses reprendront leur cours normal.

A supposer que cette même Histoire, qui ne manque pas d’ironie comme on le sait, présentait à la communauté internationale une situation en tous points analogue à celle qui prévaut en Côte d’Ivoire. Ou sinon pire, histoire d’augmenter le degré de complexité. Non pas ailleurs dans le monde, mais en Afrique ; puisque la même chose ou pire est actuellement en cours au Belarus (en Europe orientale !) sans que quiconque s’en troublât outre mesure. En Afrique donc- le lieu de toutes les dictatures- à l’Ouest de préférence : Un autre Gbagbo, une CEI, une Cour constitutionnelle roulant ouvertement pour le président sortant, des Ouattara et Soro pleurnichant qu’on alla confisquer leur du à Gbagbo. Advenant telle éventualité que feraient la communauté internationale et ses seconds couteaux de la CDEAO ? Irait-on jusqu’à lever, quoiqu’il en coutât, deux corps expéditionnaires conjoints pour aller couronner l’autre Ouattara, aussi ? Appellera-t-on à la rescousse la légion étrangère (de l’armée française) pour déloger, ou "exfiltrer" selon la nouvelle terminologie dont on use désormais abondamment dans la République du Golf, ce Gbagbo-là ? Puisque le ridicule, hélas, ne tue pas, les esprits sont maintenant bien préparés à assister à une énième loufoquerie de la communauté internationale, du genre : « Non, non, non, il s’agit de ce Gbagbo-ci, pas de l’autre ! ».

Tunisiens et Biélorussiens, qui sont tragiquement entrain de l’expérimenter, savent désormais que c’est là un scénario des plus vraisemblables. Il n’y a pas qu’eux d’ailleurs. Tous les observateurs de la scène internationale n’en reviennent tout simplement pas que telle partialité puisse s’exprimer aussi ouvertement. Même si peu ont le courage de confesser publiquement leur désapprobation. Car en ces temps de la moralisation des mœurs ivoiriennes il est de bon ton de s’opposer en silence. Quitte à se trouver ainsi complice d’une grave perversion (de l’esprit et de la lettre) du droit international ; lequel est servi à la carte tel un trivial menu de restaurant. Un "fast food" à consommer pendant que c’est encore chaud, avec une persistante amertume au sortir de la curée. Car c’est bien de ce pain que tous sont invités à partager : Laurent Gbagbo offert en holocauste pour faire un exemple tiré ex nihilo. La rectitude politique cumule, en cette fin de la première décennie du XXIe siècle, à son paroxysme…

Deux présidents pour… deux pays
C’est parce que les Français de Côte d’ivoire ont obstinément refusé d’obtempérer aux injonctions répétées de leur président, qui leur demandait de quitter précipitamment Abidjan, que Nicolas Sarkozy a du, la mort dans l’âme, d’observer son récent mutisme. Et même de se distancer de l’option militaire. Aussi parce que les pays bellicistes ont été obligés de s’incliner devant la volonté du Nigérian Goodluck Jonathan de soumettre la croisade à l’assentiment du Conseil de sécurité de l’Onu. Afin que le coup de force trouvât un fondement légal. Par ce judicieux biais le président nigérian refuse d’assumer la responsabilité historique du pompier-pyromane. Il sait, tout le monde sait, que la Chine et la Russie sont agacées que l’Occident s’octroyât le droit quasi divin de décider de la destinée des peuples. Surtout que le même zèle est rarement démontré lors il s’agit de lutter contre des fléaux plus virulents que Gbagbo : la famine, l’analphabétisme, le VIH, et surtout le paludisme qui est la plus grande cause de mortalité en Afrique. Bien plus que les guerres dont parfois la main de l’Occident n’est pas étrangère. Au vrai, au milieu du tintamarre ambiant, c’est sur la puissance de feu du Nigéria que tous comptent afin d’embraser allègrement toute la sous-région. Il y a fort à parier que l’armée nigériane ne s’engagera pas dans cette aventureuse lubie.

Autre chose : le soutien dont Laurent Gbagbo bénéficie de la part de certaines personnalités publiques françaises a trouvé écho au sein même de la majorité présidentielle. L’un des caciques de l’UMP, Jean-Pierre Raffarin, premier ministre de Jacques Chirac, professait sans ambages sur TV5 que « La France doit rester en retraitelle doit exprimer ses valeurs par l’exemple ; et non par les leçons ». A l’évidence, là n’est pas ce à quoi on a assisté dans la crise postélectorale ivoirienne : la France s’est ingérée sans nuances dans la politique interne d’un pays souverain. Cependant qu’elle s’est tue sur le cas tunisien. Et ne sert aujourd’hui que de prudents et prudes avis aux autorités égyptiennes ; lesquels avis, au vrai, ne veulent rien dire. Doit-on conclure que dans les événements actuels, et pour d’autres qui les précédaient, Paris "exprimait ses valeurs par l’exemple et non par les leçons" ? Or donc il y a peu, n’est-ce pas la France qui criait, indignée, à l’ingérence quand le Conseil de l’Europe soupçonnait son gouvernement de s’être livré au racisme sur le traitement de l’épineuse question des Rroms ? Aujourd’hui elle affecte de s’être éloignée du cas ivoirien pour endormir les suspicions ; lors même que tout le monde sait qu’en coulisse elle s’ingénie activement à une résolution du conflit dans le sens de ses desideratas. Lesquels, il faut le craindre, ne s’harmonisent pas nécessairement avec ses intérêts à plus ou moins long terme. L’égo démesuré de Sarkozy ne constitue pas un atout pour la politique internationale de son pays. Qu’à cela ne tienne, au fil du temps la stratégie du gouvernement français, en butte à l’intransigeance de Laurent Gbagbo, se précise. La République du Golf a désormais vocation de s’étendre vers le Nord en une logique de partition qui va bientôt dire son nom. Puisqu’il y a deux présidents, il faut deux pays !

Le sort de la Côte d’Ivoire semble scellé, sa destinée s’apparente tragiquement à ceux de la Bosnie et du Kosovo, ces républiques des Balkans inventées de toutes pièces par la communauté internationale. On dit de l’Histoire qu’elle bégaie. À l’Armée de libération du Kosovo, (UCK) elle impute aujourd’hui les exactions commises sur les Serbes pendant sa "guerre de libération" du peuple bosniaque. Aux Forces nouvelles, jumelles dans l’insurrection, l’Histoire ne manquera pas de redistribuer la part des crimes qui se profilent. Le "monde civilisé" ferma alors les yeux et la bouche sur la barbarie des premiers-« qui ne dit mot consent »- il fera de même pour les autres. Entretemps la République du Golf prend forme. Née aux forceps par la "volonté souveraine de la communauté internationale". Avec l’aide mercenaire d’une poignée de potentats africains en mal de respectabilité ; et de cette légitimité qu’en récompenses pour leur allégeance leur promet ceux dont jadis- il y a seulement cinquante ans- toute l’Afrique contesta la tutelle. Et le mépris. Décidément l’Histoire n’en finit plus de bégayer…mais pour dire du mal des Africains. Que leurs dirigeants politiques actuels vendraient père et mère- a fortiori les populations dont ils n’ont que faire- pour peu que l’Occident leur assurât le pouvoir !

Les lieux de la République du Golf grouillent désormais de monde. À se demander comment on y accède, puisqu’ils sont soumis à un "sévère blocus". Aux dernières nouvelles Henry Konan Bédié, lesté de femme, enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants, y auraient sollicité avec succès asile. Pendant que Guillaume Soro en sortait aisément pour aller s’assurer la loyauté d’un parterre de brigands. Un vrai moulin, quoi…

Toujours est-il que l’Occident, forte de sa récente…et triste expérience kosovare, récidive. Même si elle n’a pas la main heureuse en la matière, elle est paisiblement entrain de "créer" un nouvel état africain. Comme au bon vieux temps du foccardisme. Peut-être est-ce l’âpre concurrence chinoise sur le continent qui commande que l’on remette sur le métier les vieilles méthodes d’antan. Lesquelles démontrèrent, en leur temps, leur efficacité. Bègue, l’Histoire ? Ou plutôt la transcription mémorielle collective frappée par d’intermittentes crises d’amnésie. Tel un gruyère, ce fromage troué ! À la blague, mais non sans une pointe d’admiration, les Africains aiment à dire que « Dieu est grand, mais Blanc n’est pas petit ! ». Inch’Allah !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
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vendredi, janvier 21, 2011

DIX QUESTIONS A ANGE-FELIX PATASSE SUR LES GRANDS ENJEUX MONDIAUX

Monsieur le président, qui doit-on interroger à propos des questions portant sur le respect de l’environnement dans le monde ? L’agronome, et donc le scientifique que vous êtes, ou l’homme politique que vous êtes aussi. D’autant qu’aux préoccupations du responsable politique se rattache également et nécessairement, et il y a là bien une logique, l’accélération de tous les leviers économiques, moteur de développement de son pays.

Pour moi la question ne se pose qu’en termes de responsabilités. Quand il est question de la survie de la terre, scientifique et politique doivent conjuguer leurs efforts dans le sens d’une harmonisation de vues. C’est là par ailleurs une responsabilité commune à l’humain puisque la question touche à l’humanité. Le monde est un système aux éléments reliés, impliqués les uns aux autres, imbriqués les uns dans les autres. L’intangibilité des frontières n’est qu’un principe juridico-politique dont se rient les éléments naturels quand se déclenche leur furie. Hélas les récents événements, les catastrophes naturelles qui sévissent indifféremment un peu partout dans le monde, nous instruisent tragiquement sur cette réalité au demeurant avérée. Mais l’homme, dans sa course effrénée pour la production de richesse, s’obstine à ne pas retenir la leçon.

Tous les pays ont-ils le droit de posséder l’arme nucléaire ainsi que le prétend l’Iran, ou bien cette arme constitue-t-elle une menace pour l’humanité entre des mains "irresponsables" ? Que pensez-vous de la notion d’états voyous chère à George W. Bush ?

L’Inde et le Pakistan, avant de devenir des puissances nucléaires, guerroyaient sans relâche à propos du Cachemire. Depuis, ces deux pays qui n’en faisaient qu’un jadis, ont opté pour la diplomatie dans la résolution de leur sempiternel conflit. Je pose un constat et non un agrément à la détention de l’arme nucléaire. Si sa dimension dissuasive est réelle, il reste que pour une raison ou une autre un pays pourrait décider, en dépit de tout, de la lancer contre un autre. Encore aujourd’hui, plus d’un demi-siècle plus tard, l’Histoire s’interroge toujours sur Hiroshima et Nagasaki : l’utilisation d’une telle arme de destruction massive sur les populations civiles nippones répondait-elle vraiment à un impératif de paix ? Par ailleurs : bien que tous aient souscrit au principe de non prolifération des armes nucléaires, combien le respecte ? Aussi, il faut comprendre, et à une échelle qui ne diminue pas la dangerosité de son usage que, les mines anti-personnel et les bombes à sous-munitions ne font jamais de victimes au sein des populations des pays qui les fabriquent et les commercialisent.

Quelle évaluation faites-vous sur les droits de la femme dans le monde ?

C’est dans des pays du Sud que la femme (Inde, Pakistan, Bengladesh…et aujourd’hui le Brésil) a accédé au pouvoir suprême. Même si les droits fondamentaux de la femme ne sont pas juridiquement plus avancés dans certains pays africains, elle y jouit néanmoins d’un statut…disons spécial, qui la distingue des autres femmes de par le monde. Ceci dit, ne nous y trompons pas, la femme doit cesser d’être traitée comme une enfant immature, puisqu’elle est capable de diriger un pays. Il n’y a donc aucune raison objective pour que le droit à l’éducation soit une faveur pour les filles ; alors que ces dernières performent aussi bien, sinon mieux, que les garçons à l’école. En conclusion, si les droits de la femme ont connu une réelle avancée dans le monde et ce même dans les contrées les plus obscurantistes, nulle part sur notre planète la femme n’égale, dans les faits, l’homme. C’est à partir d’une révolution culturelle qu’il faut faire évoluer les mentalités, dépouiller le mâle du carcan du conservatisme afin d’aboutir à un rééquilibrage ; car le statu quo n’est tout simplement plus possible. Réparer et non pas renverser la tendance comme c’est le cas dans bien de pays occidentaux où une culpabilité indue a conduit à la victimisation de l’homme. Au détriment de la femme finalement. Et non pas en sa faveur. Pour conclure, le sort de la femme dans le monde doit interpeller toutes les consciences. Si l’on veut que des barbares ne trouvent plus à perpétrer impunément des viols sur les plus faibles en se justifiant par une masculinité qui établirait, mais de "droit divin", un rapport de maitre à esclave.

Et la lutte contre le sida (HIV) ?

Mon pays, la Centrafrique, est particulièrement concerné par ce fléau. Inutile de dire que c’est pour moi une préoccupation quasi quotidienne. L’équation est simple : là où les campagnes de sensibilisation abondent, le mal recule. En Afrique, à quelque exception près, rien ne semble arrêter la progression du sida(HIV). L’adhésion au processus de prévention appelle une sensibilisation tout azimut. Peu ont les moyes, ou la volonté, de le faire. Savez-vous que la première cause de mortalité en Afrique subsaharienne n’est pas le sida mais le paludisme… Or celui-ci ne sévit pas en Occident. Puisque les populations des pays riches en sont fortuitement épargnées, ces pays ne manifestent que peu d’intérêt à œuvrer à sa prévention et à son éradication.

L’éradication de la faim dans le monde : un vain slogan ?

Là aussi, décennie après décennie, on assiste à des vœux pieux. Les échéances sont toujours repoussées quand vient le moment de les atteindre. On se contente des statistiques qui souvent ne reflètent aucune réalité sur le terrain. Il en va de même pour "l’éducation pour tous avant l’an 2000". Ce genre d’objectif ne semble être fixé que pour ne jamais être atteint. Des voix autorisées, spécialistes du domaine, affirment que le coût de fabrication d’un seul avion bombardier américain suffirait à éradiquer la faim dans le monde. Vrai ou faux, toujours es-il que l’effort de guerre en Afghanistan surpasse en somme engagées tout ce dont la famine et l’éducation ont besoin pour apporter des solutions à l’une et l’autre. Et ce, de façon durable.

Venons-en au sujet qui fâche en Afrique : la bonne gouvernance

Avez-vous remarqué que cette notion ne s’appliquait qu’aux pays du Sud ; comme si ailleurs la question était dépassée. Alors même que chaque jour des hommes politiques de ces pays sont éclaboussés par des scandales liés à la corruption et au conflit d’intérêt. Il est vrai qu’en Afrique l’impunité encourage des pratiques contre lesquelles la loi sévit en Occident. Je conviens qu’au niveau des résultats cela fait une énorme différence entre "un pays qui marche et un autre où rien ne marche". Car la corruption, pour ne citer qu’elle, est un frein au développement et une des grandes causes de l’appauvrissement des populations. La solution, que tout le monde connait d’ailleurs, est dans l’institution d’un véritable état de droit. Les organes judiciaires doivent impérativement être indépendantes des organes politiques afin que la loi, lorsqu’elle est convoquée, puisse suivre son cours sans entraves. Il reste cela à faire en Afrique. Mais la situation n’est pas propre à l’Afrique. Dans bien de pays occidentaux les plus réputés au niveau de la démocratie on constate souvent des interférences du politique dans l’appareil judiciaire. Mais cela ne justifie pas que l’Afrique importe les mauvaises pratiques de l’Occident. L’autre sujet qui fâche, comme vous dites, c’est le respect des droits humains. Quand on est réellement l’élu du peuple, on ne ressent pas le besoin de se méfier de ceux qui vous ont librement choisis et acceptés. Il y a ceux qui usurpent le pouvoir, et ceux qui modifient la Constitution pour devenir des présidents à vie. Les uns et les autres savent bien qu’ils n’ont pas la faveur du peuple .Ils finissent par se radicaliser en suspendant les droits les plus fondamentaux de leurs concitoyens. Pour le bien de tous, les élections se doivent d’être libres et transparentes afin d’éviter qu’un mandat présidentiel ne soit consacré qu’à gérer la suspicion. Un dernier point : certains croient qu’ils ont le droit de confisquer le pouvoir à la pointe du fusil. C’est une catégorie qu’on ne retrouve pas dans les pays occidentaux. Mais bizarrement, ce sont les mêmes Occidentaux qui imposent à un pouvoir démocratiquement élu de s’assoir à la table de négociations, et sur le même pied d’égalité, avec des hors-la-loi qui méprisent la volonté populaire.

Le Dr Bernard Kouchner, fondateur de "Médecins sans frontières" a jadis invoqué le droit à "l’ingérence humanitaire". Ce principe devrait autoriser la communauté internationale à recourir, si besoin en était, à l’usage de la force militaire pour libérer un peuple de l’oppression. N’est-ce pas une innovation positive dans le droit international ?
Il faut être prudent. En premier lieu il convient de s’interroger sur la faisabilité d’un tel projet. Son aspect purement technique pose déjà problème. Qui dispose réellement des ressources humaines et matérielles suffisantes pour organiser de ce genre d’expédition ? Car à bien considérer, c’est presque la moitié de la population humaine qui vit sous une servitude ou un joug quelconque. C’est donc dans l’autre moitié de la population terrestre que ce bon docteur Kouchner, dont je salue par ailleurs le volontarisme, irait constituer son corps expéditionnaire. D’autres questions se posent : qui devrait décider des actions à prendre et sur quelle base objective ? Ne va-t-on pas assister à des règlements de compte déguisés en ingérence humanitaire ? La communauté internationale prendrait-elle le risque d’aller en guerre contre des nations puissamment armées, ou au contraire n’agira-t-elle que sur l’Afrique dont elle bafoue aisément la souveraineté. Croyez-en mon expérience : une telle initiative consisterait à ouvrir la boite de pandore. Nul, hélas, ne sait où tout cela pourrait aboutir. Entre deux maux, dit-on, il faut choisir le moindre. En ce qui a trait aux destinées des populations l’incertitude ne pourrait jamais constituer le moindre mal. En aucun cas !

Les élections présidentielles en Afrique s’apparentent aujourd’hui à un véritable parcours du
combattant.

Comme à chaque fois qu’il s’agit de produire le droit. Et ce, partout dans le monde toutes époques confondues. Il faut cependant considérer plusieurs choses. D’abord la Constitution, en tant que Loi-cadre qu’aucune aucune loi ne peut soumettre. Nous parlons ici d’une "vraie" constitution, expression réelle de la volonté du peuple. Une constitution qui devrait nécessairement provenir soit d’un référendum libre, soit d’un parlement non assujetti à un individu. Lorsqu’une telle Charte est produite, c’est-à-dire dans les conditions démocratiques que je viens d’énoncer, personne ne peut la contester. Sauf à réformer, toujours avec l’assentiment populaire, un ou plusieurs de ses textes. Toutes les autres institutions étatiques doivent agir dans le cadre strict de ces textes fondamentaux qui par ailleurs les "créent" en leurs donnant automatiquement la légitimité essentielle à leur exercice. Dans le pays où l’on trouve un tel contexte de respect pour l’esprit et la lettre de la Loi, là est la démocratie. Deuxième point : les acteurs politiques. Trop souvent les ambitions des uns et des autres dépassent leur adhésion à la Loi de leur pays. Même s’ils l’avaient voulue, appelée de tous leurs vœux, même s’ils avaient battu campagne en faveur de son instauration. C’est sans scrupules qu’ils vomiront la Loi une fois que leurs propres intérêts ne seront pas confirmés par ses textes. Qu’importe alors le peuple qu’ils veulent diriger à tout prix…

On parle beaucoup depuis quelques années de la réforme de l’ONU. Surtout de son organe
politique qu’est le Conseil de sécurité. Etes-vous de ceux qui réclament ce changement ?

Une lecture historique à rebours nous renseigne que l’ONU été constituée dans un contexte bien précis qui est celui de l’après deuxième mondiale. Aujourd’hui plus d’un demi-siècle plus tard ce contexte est largement dépassé. De même le Conseil de sécurité ne regroupait à l’époque que les vainqueurs de l’Allemagne nazie. Déjà la présence de la Chine au sein de cet organe est la preuve que d’autres considérations objectives ont été prises en compte. Car Beijing n’était pas signataire du Traité de Versailles. Economiquement, des pays tels l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud pèsent plus lourd que la Grande-Bretagne ; lequel siège pourtant au Conseil de sécurité en qualité de membre permanent, et disposant de facto d’un droit de véto. Ce fait ne correspond à aucune réalité actuelle. Même militairement les données ont depuis longtemps déjà changé. L’arme nucléaire est désormais détenue par le Pakistan et bientôt la Corée du Nord et l’Iran. Ce n’est donc manifestement pas là le critère d’adhésion à cet aréopage. Mais alors quoi ? Ceci vaut aussi pour le G8. Même s’il a été élargi à un G20 seulement économique, le G8, lui, demeure et l’on y discute de la destinée du monde. Le message que les grandes puissances nous envoient en est celui-ci : d’accord pour l’élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU. Il nous reste toujours notre G8 pour vous imposer nos desideratas.

Et l’unité africaine. Est-ce une entité viable ou seulement un vœu pieux ?

C’est un projet tout à fait viable et même souhaitable. Il faut saluer la vision de Mouammar Kadhafi pour l’Afrique. C’est une aberration de constater que des Africains, même ceux partageant une même zone géographique, ne peuvent circuler librement d’un pays à l’autre. Alors que de chaque côté de la frontière on retrouve les mêmes ethnies, partageant langue, culture et parfois des liens familiaux. Les barrières au commerce constituent autant de freins au développement. Il n’est pas normal que des pays africains commercent plus facilement avec l’Europe qu’entre eux. Alors que ces mêmes Européens ont ressenti le besoin de s’unir pour devenir plus forts que les autres économiquement, politiquement et diplomatiquement. L’Afrique ne pourra pas faire l’économie de la même union. Un développement intégré est la seule voie possible pour parvenir à constituer une force crédible aux yeux du reste du monde. L’amélioration du bien-être des populations africaines ne peut se faire qu’à ce prix. C’est à la fois un moyen d’y parvenir qu’une fin en soi. Les Africains sont d’ores et déjà prêts, c’est la volonté politique de leurs dirigeants qui fait défaut. Du moins la frilosité de ces derniers à engager leurs populations dans ce nécessaire processus du renouveau. Les dirigeants africains résistent à céder une parcelle de souveraineté à l’union ; or c’est là l’exigence principale, la condition sine qua none à l’intégration. En ce qui concerne mon pays, elle s’appelle la Centrafrique parce qu’elle effectivement située au centre de l’Afrique. C’est de Barthélemy Baganda, le premier président de la Centrafrique, que vint l’idée d’une union africaine autour de son pays comme capitale. C’est donc un Centrafricain qui est le "père de l’UA " que l’on connait aujourd’hui. Une œuvre qu’il faudra bien achever un jour, car les grands ensembles économico-politiques constituent une réponse efficace aux hégémonies. C’est la solution pour l’Afrique. Un passage obligé vers un réel développement de toutes nos ressources; pour un mieux-être de nos populations. C'est cette Afrique unie que nous devons laisser à la postérité!
Propos recueillis par EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

mercredi, janvier 12, 2011

LES PIEGES DE OUATTARA

Dramane Ouattara aurait bien pu être en sécurité chez lui, barricadé sous le vigilent gardiennage de l’armada onusienne. Puisque la mission dare-dare remaniée des casques bleus en Côte d’Ivoire-la protection de la population civile n’est qu’une grotesque "couverture" qui n’abuse personne- ne se résout plus qu’à cela : veiller sur l’élu de la communauté internationale. Si tant est que cette nébuleuse n’ait jamais "nommée" un président où que ce fut dans le monde. En se refugiant à l’hôtel du Golfe, Ouattara, qui au vrai n’était poursuivi par personne, a voulu marqué un signe fort, symbole du nouveau statu quo. Il voulait faire paraitre Laurent Gbagbo comme un dangereux dictateur capable d’attenter à la vie de son adversaire pour conserver le pouvoir. Pour victimaire qu’elle fut, même jusqu’à la caricature, l’idée qu’un "vainqueur" des élections soit contraint à l’exil dans son propre pays, a fait mouche. Surtout que les médias du monde entier ont relayé, avec une évidente délectation, le burlesque de la situation : une tragi-comédie dont l’Afrique seule détient le secret. Or donc en voulant ainsi "piéger" l’opinion internationale pour appeler sa sympathie à sa cause, Ouattara se retrouve aujourd’hui lui-même piégé. Il n’avait jamais imaginé que sa volontaire séquestre durerait aussi longtemps ; parce qu’il s’était facilement laissé convaincre- par l’éminence grise Guillaume Soro sans doute- que les puissants de ce monde dont il avait la faveur le couronnerait rapidement Calife à la place du Calife. « Arroseur arrosé » ou piégeur piégé, la moralité demeure la même : n’est pas tendeur de pièges qui veut. Ouattara n’est pas Soro, loin s’en faut ! Une autre trouvaille- au fur et à mesure il faut jouer d’imagination- a consisté à frapper au porte-monnaie. Le "gel des avoirs à l’étranger". D’ordinaire c’est un pécule amassé sur le dos du peuple, un trésor mal acquis, une sorte de dime dont on se rétribue "pour bons et loyaux services rendus à…soi-même". Cependant entre les expertes mains occidentales cette épée de Damoclès a toujours constitué une redoutable arme de dissuasion. Sa seule évocation épouvante les nombreux délinquants au pouvoir en Afrique. Désagréable surprise en ce qui concerne Laurent Gbagbo. Tous sont abasourdis de découvrir que l’homme ne possède ni somptueuses propriétés en France, ni faramineux comptes de banque en Suisse, même pas une berline de luxe, rien dont on pourrait avoir le plaisir de saisir. Gbagbo ne serait donc pas Bongo (père et fils) ou Sassou Nguesso ? « Et pourtant Dramane et Guillaume nous avaient assurés… ». Mais les deux compères assuraient aussi qu’il fallait "frapper" du côté de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Seulement on avait là aussi "oublié" qu’Abidjan en était, avec Lagos, le plus grand contributeur…Et que les recettes provenant des exportations ivoiriennes demeuraient, à ce jour encore, sous contrôle de Gbagbo. Advenant un embargo économique, Chinois, Russes et même Brésiliens ou Indiens ne s’y sentiraient pas tenus. Bien de pays émergeants ne seraient pas fâchés d’occuper le terrain ainsi laissé vacant. Il en va de même des accords sur les armes. Qui pourrait réellement empêcher l’Iran de commercer dans ce domaine avec la côte d’Ivoire ? Rien de tout ceci ne serait fait, au vrai, pour affecter considérablement les États-Unis, le Royaume-Uni, ou le Canada… Mais la France, très certainement.

La guerre des mots
Entretemps la désinformation, "intox" en langage diplomatique, bat son plein. On n’en finit pas de parler des charniers dont personne ne peut désigner l’emplacement. Ouattara lui-même apparait à la télévision, la mine affligée, pour prévenir la planification d’un génocide par le camp adverse. L’œil déconfit et la voix enrouée par un sanglot retenu, le "président de la république du Golfe" annonce qu’il ne peut supporter la vue du sang versé d’un seul Ivoirien. Comme pour faire oublier que le même Ouattara prit en son temps, et sans les mêmes scrupules qu’il manifeste opportunément aujourd’hui, la tête de la rébellion des Forces nouvelles. Et que ce bras armé de son mouvement politique laissa la Côte d’Ivoire exsangue. Cette spectaculaire volte-face s’explique par la nouvelle stature de président, laquelle commande certains aménagements dans la posture. Pour paraitre rassembleur, le discours doit désormais transpirer l’apaisement. L’homme a certainement changé ! Mais ça, c’est le côté jardin. Or donc côté cour, et immédiatement dans le sillage du "bon Ouattara"- à croire qu’ils se sont inspirés des polars américains- vient toujours un Guillaume Soro saisissant de réalisme dans son rôle du méchant. L’air courroucé il agite en permanence le spectre d’une guerre dont tous savent qu’il ne peut plus déclencher seul. Le gros de ses troupes, les Forces nouvelles, a d’ores et déjà été démantelé, désarmé, démobilisé ou intégré à l’armée régulière ivoirienne. Mais il affecte à l’endroit de qui veut l’entendre, c’est-à-dire de la communauté internationale, qu’il a encore la puissance de feu suffisante pour mettre le pays à feu et à sang comme jadis ! Un bluff dont il use abondamment ; puisque manifestement ses envolées va-t-en guerre- ainsi que d’ailleurs les intimidations des étrangers- ne sont pas faits pour terrifier Laurent Gbagbo. Le message est également bien reçu par Ouattara. Il lui est indiqué les limites que sa tempérance ne doit dépasser. Car à l’heure actuelle pour Soro, un compromis, n’importe lequel, équivaudrait à compromettre ses intérêts au demeurant fort mal engagés.

Qui peut faire la guerre en Côte d’Ivoire ?
Quoique les uns et les autres prétendirent afin de placer Gbagbo sous pression, chaque jour qui passe voit s’éloigner piteusement "l’option militaire" dont Ouattara et Soro attendaient tant. La première défection a été française ; preuve s’il en était que, même pour Sarkozy, les intérêts de la France ne sont pas nécessairement ceux des Ivoiriens ! En répétant depuis, à l’envie, que Paris n’interviendrait pas militairement en Côte d’Ivoire, le président français semble avoir recouvré ses esprits. Au vrai il n’a eu d’autre choix que de subordonner ses sentiments personnels aux conséquences incalculables pour son pays d’une guerre africaine. Realpolitik oblige. Nul à Paris comme dans l’Union européenne ne l’aurait accepté. Il y a eu George W. Bush, pour savoir ce que désormais il ne faut pas faire. Mais pas seulement, les Français résidents en côte d’Ivoire ne veulent plus réitérer la traumatisante expérience de jadis : tout abandonner dans cet eldorado africain sans contrepartie réelle dans l’Hexagone. Eux sont neutres, ils veulent que leur gouvernement le soit également. C’est cela les protéger, au lieu que de les exhorter à vider les lieux comme des mal propres. Surtout que nul n’ignore que Gbagbo n’a jamais nui aux intérêts de la France en Côte d’Ivoire. Tout au contraire : de grandes entreprises françaises se sont vues octroyer des contrats de gré à gré, sans appel d’offre. Ni Bouygues, ni Bolloré ne s’en plaindront vraiment…
En Afrique même les candidats à l’expédition punitive ne se bousculent pas au portillon, contrairement à ce que veulent faire croire certains des plus irréductibles dictateurs. Ceux justement qui mériteraient mille fois plus que Gbagbo, au regard de leurs méfaits sur leurs populations, que la force leur soit appliquée afin qu’ils libérèrent un pouvoir sauvagement usurpé ! Le Ghana s’étant officiellement désisté, le Nigérian Goodluck Jonathan-tous les espoirs des "putschistes internationaux" ne reposent plus que sur lui- devra d’abord se dépêtrer des ses propres tourments internes avant de songer à voler au secours d’Alassane Ouattara. La légion s’amenuisant comme peau de chagrin, en l’absence du Nigéria on ne devra plus compter que sur le président à vie du Burkina voisin. Ce "médiateur des causes plus nobles que la sienne" a déjà par le passé alimenté la rébellion des Forces nouvelles. Ses accointances avec Ouattara sont avérées. Blaise Compaoré- il s’emploie depuis à ne pas rompre un mutisme qui confirmerait la suspicion que tous ont d’office en son endroit- devrait logiquement être tenté " d’y aller". Et ce malgré le fait que la Côte d’Ivoire regorge de milliers des ressortissants burkinabè. Leur sécurité ne devrait guère peser lourd sur la balance si ce potentat, qui est décidément moins intègre que son peuple, trouvait son intérêt personnel à en découdre une fois de plus avec Gbagbo. Sénégalais et Maliens sont logés à la même enseigne. Plus que la France, la présence massive des leurs concitoyens en Côte d’Ivoire constitue un donné non négligeable dans leur décision de marcher sur Abidjan. Entre le risque des représailles sur leurs ressortissants, et la capacité d’accueil de leurs pays respectifs en cas d’un reflux massif des réfugiés, il faut choisir. C’est à un réel jeu de poker menteur que sont confrontés les dirigeants de ces pays. Surtout qu’advenant une guerre dans laquelle ils auraient imprudemment engagés leurs armées, il est à craindre que peut-être des millions d’Ivoiriens y perdront nécessairement la vie. Alassane Ouattara ne pourrait pas empêcher que des étrangers, ou ceux considérés comme tels, soient pris à partie par la population demeuré loyale à Gbagbo. De prétendre le contraire est une fumisterie. A moins de se résigner à les considérer comme des victimes collatérales. « On ne peut faire d’omelette sans casser les œufs », peut-être ? Sauf qu’ici il s’agit d’êtres humains !
Pittoresque et…stupide sont les sorties répétées du Kenyan Raïla Odinga. Par sa fermeté acharnée manifestée au quotidien contre Gbagbo il s’ingénie, de la manière la plus lâche qui soit, à passer des messages subliminaux au président avec lequel il a été contraint de partager le pouvoir. Le premier ministre kenyan pense avoir trouvé à épancher sa frustration dans un jeu de miroirs convexes et vexés. Le voilà donc justicier en Côte d’Ivoire, les mains encore dégoulinant du sang des populations civiles de son pays, alors que son véritable combat est ailleurs. Décidément, les hommes politiques africains, lorsqu’ils n’ont pas les moyens de leur politique, ne savent afficher le courage de leurs ambitions. Ou vice-versa. Sauf peut-être un certain Laurent Gbagbo... Il le paie aujourd’hui très chèrement. EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ