samedi, septembre 24, 2011

LES DEUX CAMPS.

By FoQus Media on Saturday, September 24, 2011 at 6:14am.

Le langage médiatico-politique suggère, sans jamais l’exprimer clairement, que les protagonistes d’un conflit sont divisés en deux catégories opposées : les bons et les méchants.
Une classification autant manichéenne que fortuite. Seul un parti-pris nourri de la mauvaise foi la plus indécente peut parvenir, dans un déroutant raccourci intellectuel, à un tel jugement de valeur. C’est bien pourtant ce paradigme du double standard qu’a inauguré, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, George W. Bush. Le président américain d’alors se servit sans vergogne de ce tragique événement pour soutenir gaillardement son hasardeuse thèse : à savoir qu’à partir de cette date (11/11 2001) le monde constituait deux camps antagonistes, et que l’un, terreau des valeurs universelles, tenait de droit divin la mission de répandre la lumière civilisatrice sur des mécréants obscurantistes. L’occasion était trop belle- aucun drame ne rebute l’ambition politique- pour vendre les valeurs occidentales. George W. Bush laissa entendre, à qui a des oreilles pour entendre, que seule l’adhésion à ces éclairantes valeurs pouvait empêcher la perpétration des actes barbares tels ceux que venait de connaitre New-York.

Or donc c’est là une profession de foi qui n’étonne guère : chaque président américain aura un jour soutenu que les États-Unis ont le devoir de "guider le monde". Et partant d’y dispenser des valeurs morales directement inspirées de Dieu !
Pour tous ceux qui ne l’auraient pas bien compris, il ne s’agit pas de choix. Mais d’une propagation des préceptes dont tout le monde se doit d’accepter l’assimilation. Un peu comme pour un malade forcé d’ingurgiter un médicament au gout infect, mais bon pour sa guérison.

En d’autres termes, les valeurs américaines, relayées par tout l’Occident, sont forcément bonnes pour tout le monde. On les diffuse parfois à grand renfort de bombes. Et quand cela s’avère nécessaire, c’est-à-dire souvent, on les impose par la bouche des canons. Que n’entend d’ailleurs, quand les armes se sont tues, que Démocratie et Droits humains sont le socle d’où s’élèvent ces valeurs humanistes et humanitaires. Des valeurs si bien drapées de vertus qu’elles ne peuvent qu’atteindre à l’universel. Quand les armes se taisent, de puissants canaux médiatiques prennent le relais pour une guerre plus feutrée. Ici ce n’est plus le sang qui coule, c’est l’argent ou l’idéologie. Des rhéteurs enrégimentés propagent l’évangile occidental, celui-ci est asséné avant, pendant et après le conflit, afin que tous comprennent bien qu’il y a des bons et des méchants.
Or donc en dessous de ces diatribes moralisatrices, magister dixit, des intérêts plus triviaux sont à l’œuvre dans une opacité propice aux ententes occultes.

L’histoire immédiate renseigne que dans un conflit armé- il est entendu que l’Occident ne recourt aux armes qu’en dehors de son espace vital- les atrocités sont toujours imputées au camp des méchants. Des monstres tant abhorrés par la communauté internationale, et donc combattus par l’Occident, qu’à leur discrédit sont versées les pires exactions. Car il faut bien diaboliser afin de justifier des "droits moraux" à intervenir militairement dans le camp des méchants. Raison pourquoi de fallacieuses raisons humanitaires sont évoquées à chaque fois qu’il question d’organiser des "expéditions salvatrices" dans des pays souverains. Des campagnes militaires- en vérité des escadrons de la mort- qui trouvent aisément légitimité dans les instances politiques internationales. Quitte, pour ce faire, à réaménager vaille que vaille le droit international, à plier des principes au demeurant sacralisés.

Ainsi donc la portée de la souveraineté nationale s’amenuise au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’Occident. Sauf, et on peut le comprendre, pour les puissantes Chine et Russie. En Afrique elle s’annule tout simplement. Cette partie de l’humanité semble n’avoir d’autre choix que celui d’absorber, les bombes ou les idéologies. Sinon les deux en même temps, quand les premières ne sont languées que pour aider à la diffusion des autres. Car il appartient toujours à l’Occident de décider qui est bon ou méchant, qui mérite d’être soutenu ou combattu. Quel camp doit subir les bombardements, et au nom de quel autre camp on s’octroie le droit de tuer !

Mais, on a déjà vu le bon d’hier devenir, au gré des intérêts mouvants, le méchant d’aujourd’hui. L’histoire n’éduque pas, autrement aucun dirigeant du Sud n’applaudirait les malheurs des Gbagbo, Ben-Ali, Moubarak et Kadhafi. Il y a seulement peu on leur déroula le tapis rouge en Occident, ils furent accueillis sur le perron des palais présidentiels, on leur donna l’accolade et le baiser. Avant que de les poignarder dans le dos. Presque du jour au lendemain. À l’Ouest les dirigeants politiques sont amis entre eux. Ils n’entretiennent, au Sud, que des intérêts !
Pour l’avoir ignoré de nombreux chefs d’États africains l’ont payé cher, parfois de leur vie ! Beaucoup parmi eux se sont brutalement vus précipités dans l’autre camp, le mauvais. Le camp de la mort. Nul n’est à l’abri de ce type de désagrément. À qui le tour ?
Dans le répertoire des "sacrifiés potentiels" y sont d’ores et déjà épinglés le Rwandais Paul Kagamé, le Camerounais Paul Biya, Blaise Compaoré le Burkinabè…
Or donc ceux-ci se comportent comme si de rien n’était. Ils se croient les protégés de…l’Occident ! C’est ce que croyait aussi, il n’y a pas si longtemps encore, le Tunisien Ben-Ali et l’Égyptien Hosni Moubarak. Si ceux-là n’en étaient pas, nul dirigeant du Sud ne l’est.
N’est-ce pas ce même Occident qui aime si peu les populations de la Syrie et du Yémen pour ne déplorer leurs pertes qu’à distance respectueuse des lieux des hostilités.
Dans quel camp se trouvaient hier le Shah d’Iran, Bokassa, Idi Amin Dada, Mobutu…
Rien que des dictateurs ? Et Lumumba ? Et Sankara ?
Mehdi Ben Barka, Amilcar Lopes Cabral, Salvador Allende, Benito Aquino et tant d’autres, n’oppressèrent jamais les leurs. Ils eurent seulement le tort de parler de révolution pour certains, cependant que d’autres ne péchèrent que pour avoir revendiqué une malheureuse accointance d’avec le communisme. Mais est-ce pour autant qu’on abat la junte militaire qui sévit au Myanmar, ou le régime du Nord-Coréen Kim Jong-Il ? Faut-il alors aussi assassiner Hugo Chavez et Evo Morales alors que les communistes européens ont pignon sur rue dans leurs pays respectifs ?

Il est tout simplement impossible de réduire au silence tous ceux qui souscrivent à des catégories d’analyse qui déplaisent à l’Occident. Toute la puissance de son bras armé, l’OTAN, ne suffirait pas pour mener à bien cette tentaculaire et aventureuse entreprise. Son budget y serait grevé, mais en totalité, tant il existe encore des dictateurs en service. Ceux-là qui croient s’honorer de l’amitié des Occidentaux, ces grands benêts qui confient naïvement leur sort à des affairistes sans vergogne. Les Occidentaux, eux, les traitent au cas par cas. Selon leurs intérêts ponctuels. Hormis bien sûr pour la dictature chinoise, trop puissante militairement. Avec Beijing on fait des affaires et on se tait. Business is usual !
Le communisme chinois est pourtant le terreau d’où s’élancent en orbite les dictatures les plus exécrables. Mais personne n’oserait toucher aux satellites de la Chine sans craindre de représailles d’ordre économiques. Car l’arme la plus puissante de Beijing est désormais sa bourse. L’économie chinoise est une arme bien plus dissuasive que sa bombe nucléaire.
Depuis lors le communisme chinois est désormais à visage humain. Malgré justement que les droits humains- le crédo que l’Occident dessert à l’envi- y sont bafoués au quotidien ainsi que rarement ailleurs.
Cette exhortation est pour les autres, les faibles, ceux dont on peut disposer sans conséquences. Pour eux ce sera les bombes ou l’idéologie. Les deux parfois, ou les unes au service de l’autre ! Et vice-versa. Comme au bon vieux temps de la colonisation. Les méthodes demeurent les mêmes. Seuls les outils changent.

S’il est vrai que d’ordinaire deux camps (ou plus) composent les protagonistes à un conflit, on n’applaudit jamais qu’aux activités d’un seul. Le camp qui bénéficie du soutien de l’Occident, de toute "la communauté internationale". De l’autre camp on ne publie que les sévices auquel il se livre. Quitte à en rajouter pour le menacer de tout le mal qu’on lui souhaite par le biais de la Cour Pénale Internationale(CPI). Tout le monde sait que depuis sa constitution cette juridiction joue, au service de l’Occident, un rôle similaire à celui dévolu au ministère public en droit domestique. Au lieu que dire le droit international, la CPI agit toujours en charge contre ceux que lui désignent les Occidentaux. Cet esprit de larbin, que la CPI confirme chaque jour au gré des conflits, a fini d’écorner sa crédibilité et son image d’impartialité. Pour les pays du Sud, son procureur, l’Argentin Luis Moreno-Ocampo, n’est qu’un exécuteur de basses besognes. Sous le couvert de la légalité internationale, son empressement à n’enquêter que dans le camp soutenu par l’Occident a contribué à entamé irrémédiablement la confiance des populations du Sud dans cette institution juridique internationale. De faire pire, en matière de servilité, que Ban Ki-Moon, relève de l’exploit. L’actuel secrétaire-général de l’ONU entérine invariablement tous les desideratas de grandes puissances occidentales. Or donc voici que le zèle de l’ombrageux Moreno-Ocampo pourrait le faire pâlir de jalousie. Le procureur de la CPI semble constamment en service commandé pour les grandes puissances occidentales. Au point même de précéder les souhaits de ces dernières.

Internet et les médias sociaux renseignent désormais le monde plus efficacement que ne le faisaient jadis les ONG. Croix rouge et autres Human Rights Watch(HRW) ne cessent cependant de dénoncer ce que montrent Facebook, YouTube et Twitter partout dans le monde. On sait, et on le voit désormais, qu’en matière d’exactions les responsabilités sont partagées.
Et que souvent les deux camps rivalisent dans la perpétration des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Deux camps qui arrivent ex aequo dans l’horreur. En Libye, les bombardements de l’OTAN, et les actes de vengeance sur les Noirs subsahariens- ces derniers sont tous considérés comme des mercenaires à la solde de Kadhafi- grossissent le rang des victimes innocentes au conflit.

En Côte d’Ivoire l’après-guerre se révèle plus meurtrière encore qu’avant. Le nouveau régime peine à empêcher les crimes commis par ses partisans sur les ethnies favorables à l’ancien président Laurent Gbagbo.

Au final, et même une fois ce constat établi (les crimes sont à ce point flagrants et réguliers que les nouveaux pouvoirs ne les nient plus désormais) seuls les camps des chefs d’États déchus sont visés par les accusations de la CPI. L’autre camp peut ainsi continuer de vaquer à ses macabres occupations. En tout impunité. Sans ne s’inquiéter de rien. Et cela se continuera, hélas, tant que l’Occident n’aura pas commandé au procureur Luis Moreno-Ocampo d’instruire la justice selon le droit international. En commençant par enquêter dans les deux camps.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ



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dimanche, septembre 18, 2011

Y’A-T-IL UN CONGOLAIS DANS LA PLACE?

Diversion, provocations, désinformation, intoxication etc.
À l’approche des élections le bruit a gagné la place politico-publique en RDC. Une stridence qui a envahi toutes les sphères de la société à ce point qu’elle divise l’opposition à la majorité présidentielle (MP). Les uns et les autres s’occupent plus à interroger les identités qu’à proposer une vision et un projet de société susceptibles de susciter le choix des Congolais pour une alternance éclairée. Dans l’entretemps, et en l’état actuel des choses, tous les observateurs de la politique internationale s’accordent pour dire que le président sortant est assuré de rempiler pour un nouveau quinquennat. Sans même qu’il ait besoin de tricher.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

Vital Kamerhe. La nationalité du leader de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), transfuge de la majorité présidentielle, est opportunément remise en cause. Or donc l’homme a occupé les plus hautes charges du pays- avant sa défection Kamerhe présidait l’Assemblée nationale- sans que quiconque n’ait jamais eu à récuser sa légitimité. Ni même sa nationalité. Mais alors pourquoi seulement maintenant ?
Contrairement au droit du sang qui consacre l’appartenance par les origines, le droit du sol réfère à la naissance. Allant jusqu’au fait de trouver légitime quiconque réside simplement sur un territoire donné (1)… Vital Kamerhe est né sur le sol congolais, nul ne le conteste. On devrait à tout le moins lui faire grâce du droit du sol. Au lieu de quoi on lui fait le procès de son ascendance. Puisque quelqu’un, quelque part, s’est souvenu que les parents du leader de l’UNC seraient des Hutu venus du Rwanda voisin. Ces même Hutu qui sont les premières victimes du régime tutsi de Paul Kagamé. Bien avant les Congolais. Car les escadrons de la mort du général Kagamé sèment la désolation en RDC pour de motivations mercantiles et bassement mercenaires : le vol de richesses du pays. Point.
Cependant que les Tutsi nourrissent envers les Hutu une haine viscérale transmise de génération en génération. Une répulsion que n’entament ni le temps, ni la raison. Et que seule l’extermination d’une ethnie par l’autre réussirait à apaiser.
Si donc Vital Kamerhe est un Hutu il devrait, par la force des choses, être "l’allié naturel" des Congolais. En une sorte de solidarité dans le malheur. L’ennemi de mon ennemi est mon ami
En poussant ce raisonnement dans ses derniers retranchements, force est de conclure qu’au sein de l’opposition congolaise seul Etienne Tshisekedi porte en lui la pureté de la "congolité".
Il serait de ce fait une sorte d’aryen après la lettre ; d’autant qu’il est originaire d’une province, le Kasaï-Occidental, que n’insulte aucune bordure étrangère. Et que cette opportune situation géographique du lieu de naissance est susceptible de protéger quiconque y est issue d’une infamante mixité de genres. En d’autres termes : de s’éloigner des pays limitrophes garantit la nationalité…
Y’a-t-il dans l’opposition un autre Congolais que Tshisekedi ?

Déni de la réalité
À moins d’un revirement de dernière minute- mais nul ne l’espère plus lors même tous le souhaitent- l’opposition congolaise s’en va aux prochaines élections en ordre dispersé.
Et pourtant on y avait cru. Les Congolais avaient fini par se convaincre que cette-fois leurs leaders politiques s’accorderaient pour l’intérêt commun. Mais les ambitions personnelles sont passées par là. Rien ne va plus donc dans l’opposition. La main tendue de Vital Kamerhe aux leaders politiques de l’opposition (2)"pour une candidature unique et commune" est demeurée lettre morte. À tout le moins pour ce qui concerne le leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social(UDPS). L’homme a rejeté d’un méprisant revers de la main l’appel à la mobilisation des forces de l’opposition lancé par Kamerhe. Au motif que cette invitation ne posait pas en avant-propos le fait que la candidature unique de l’opposition devrait nécessairement être celle de Tshisekedi. Car hors le vieil opposant point de salut ! Comme si celui-ci avait été d’un apport décisif dans le sort des Congolais. Or donc rien dans la réalité actuelle des Congolais ne peut suggérer cette contre-vérité. Loin s’en faut.
Imbu de lui-même le leader de l’UDPS pense n’avoir besoin de personne pour l’emporter haut la main face à Joseph Kabila. Etienne Tshisekedi est manifestement aveuglé par la dévotion que lui vouent ses partisans. En plus d’être galvanisé pour avoir rempli à sa pleine capacité le plus grand stade de la capitale Kinshasa. Un exploit que réussissent régulièrement des artistes musiciens- et les grandes rencontres du football- sans que, pour autant, ceux-ci n’aient jamais prétendu à diriger le pays! À confondre popularité- qui aide assurément- et compétences, les leaders politiques congolais ont toujours excellés à démontrer l’une mais rarement l’autre. À dire le vrai, en RDC la popularité l’emporte aisément sur les compétences. Or donc il ne s’agit pas ici d’un concours des stars du rock, mais bien de l’élection d’un président. C’est-à-dire de la personnalité politique celui qui saura le mieux satisfaire aux aspirations de ses commettants. Voilà un espoir que tous les hommes politiques congolais ont déçu les uns après les autres. En cinquante ans d’indépendance. C’est peu dire que l’enjeu est de taille.
D’autant que le mode de scrutin est désormais à un seul tour…

Qui parle ?
Dans la tourmente et la détresse les Congolais s’accrochent au moindre message d’espérance.
On peut le comprendre aisément. Comme on comprend qu’un tel contexte puisse prédisposer la population à se délecter des chants des sirènes. Ainsi donc des aventuriers notoires profitent de la situation pour se poser en diseurs de bonne aventure. C’est le cas du leader de l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo(APARECO). Hier serviteur servile du dictateur Mobutu, le zèle meurtrier d’Honoré Ngbanda a endeuillé de nombreuses familles de l’ancien Zaïre, au point de se mériter le surnom de "Terminator". Depuis quelques années l’homme tente, tapi dans son exil doré de la Belgique, de se débarrasser de cette sinistre notoriété devenue par trop encombrante.
Et il y parvenu avec bonheur, puisqu’il est trop aisément devenu au fil des ans "La Voix". Occulte ainsi qu’à son habitude il distille, par un savant dosage de son cru, le fiel de ses informations à une population qui la boit comme du petit lait. Sa parole est désormais parole d’évangile. Il se revêt de la vertu comme d’une burqa afin de dissimuler les stigmates de la malignité sans doute inscrits dans son regard qui a vu tant d’horreur. Pour les avoir lui-même commandées !
Depuis, oubliées ses exactions d’antan, exit son ministère pour un service des plus macabres auprès du Maréchal-Ubu-roi. Étrangement les Congolais lui accordent aujourd’hui une totale absolution en lui donnant le bon Dieu sans confession. Lui qui n’a jamais confessé ni même reconnu ses crimes commis pour Mobutu. Mieux, aucune voix ne s’est jamais levée en RDC pour réclamer sa comparution devant la justice de son pays. Comme s’il n’avait jamais rien fait de mal…
Et c’est cet homme-là qui parle aujourd’hui. Pour pourfendre moins pire que lui. Car si aucun crime ne peut trouver à être justifié, c’est du moins chose courante que quelqu’un fasse du mal à un étranger. Mais personne ne s’attend pas à ce que son propre frère agisse de même. Or donc les Congolais, dans une bizarre inversion logique, préfèrent être occis par les leurs plutôt que de la main de celui qui n’en est pas !
Honoré Ngbanda a su saisir la nuance. Doté d’un esprit alerte et exercé à la manipulation, l’ancienne barbouze de Mobutu a tôt fait de retourner la situation à son avantage. Il en a l’habitude et l’expertise. Il ne sait faire que cela. Il n’a d’ailleurs eu qu’à faire cela pour gagner sa vie et une confortable rente qui lui permet aujourd’hui de parler de loin sans se soucier de ses lendemains.
Au vrai la voix d’Honoré Ngbanda n’est pas autorisée, de par le passif du quidam, à émettre un quelconque avis sur le Congo. En bien ou en mal. Tout le monde peut en dire ce qu’il veut. En bien ou en mal. Sauf lui. Ange déchu, jadis semeur de mort et de désolation, il n’a guère plus le crédit de ses dépositions à l’emporte-pièce. Il pourra toujours se gargariser d’avoir épinglé un gros gibier sur son tableau de chasse : Joseph Kabila. Puisqu’il faut tout de même reconnaitre que le travail de sape de Ngbanda aura contribué à déboulonné la stèle de contentement que veut s’ériger le président sortant de la RDC. Cependant que son bilan et la preuve de sa nationalité congolaise parlent contre lui.
Qu’importe : Honoré Ngbanda ne doit de répondre qu’à la justice de son pays, ou se taire à jamais.
Autrement il continuera à produire du bruit pour faire croire qu’il n’y a plus de Congolais dans l’espace politique du pays. Sauf Etienne Tshisekedi.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
(1)http://www.grandslacs.net/doc/4096.pdf
(2)http://www.rfi.fr/afrique/20110809-rdc-vital-kamerhe-candidat-commun-opposition-election-presidentielle

mardi, septembre 13, 2011

LIBYE: OTAN EN EMPORTE LES INNOCENTS

Un dictateur opprime durement son peuple ? La communauté internationale- un autre terme pour désigner l’Occident- s’emporte aussitôt et va au secours de la population en détresse. En l’occurrence ces interventions sont censées défendre des "causes justes" ; et partant voulues nécessaires. Car grâce à ces expéditions militaires, toujours ourdies dès l’Occident, de milliers de vies innocentes se sont ainsi trouvées épargnées. Sauf que les bombes une fois larguées, quand même elles sont réputées intelligentes, font difficilement le tri entre l’ivraie et la bonne graine dans la proximité du dictateur. En clair : les raids aériens des "forces libératrices" font souvent autant de victimes innocentes que la férule de la dictature dont elles entendent débarrasser le peuple.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ


Depuis le début du vingt et unième siècle, en à peine onze ans, les pays occidentaux ont organisé de nombreuses campagnes militaires dirigées essentiellement vers ceux du tiers-monde. Dans la première moitié du nouveau siècle on s’en allait en Irak abattre le régime Bass de Saddam Hussein en prétextant d’y aller trouver des armes de destruction massive. Pour ensuite s’enliser dans l’imbroglio afghan dix ans durant. Avant que de finir par y assassiner opportunément Oussama Ben-Laden le leader du réseau terroriste d’Al-Qaïda.
Or donc aujourd’hui on ne s’embarrasse guère plus de fallacieux prétexte pour mettre en coupe réglée la Côte d’Ivoire et la Lybie. L’Otan installe derechef au pouvoir à Abidjan un parangon don elle est assurée de l’allégeance. Après y avoir évincé l’imprévisible démon qui crut naïvement que l’enfer c’était les autres. En ce qui concerne la Lybie, le contrôle de l’une des plus grandes réserves pétrolières du monde constitue l’enjeu pour lequel les Occidentaux se sont autant impliqués dans ce pays. Nul ne l’ignore. Pas même les insurgés, ces rebelles à la tête desquels on retrouve nul autre que le ministre de la justice de Kadhafi (2007-2011). Moustapha Abdeljalil, l’actuel président du Conseil National de Transition(CNT), est ce président de la cour d’appel de Tripoli qui confirma jadis par deux fois la condamnation à mort par pendaison des infirmières bulgares ! Si la mésaventure de ces dames, et de l’infirmier palestinien, s’est plutôt bien terminée, combien d’innocentes vies de ses compatriotes Abdeljalil a du écourter au service de son Raïs ?
Et il n’est hélas pas seul dans ce cas puisque le CNT compte en son sein bien d’autres individus parmi les plus féaux du régime de Kadhafi. Dès lors on comprend la réticence que manifestent plusieurs pays, et avec eux l’Union africaine (UA), à reconnaitre le CNT comme le seul représentant légitime du peuple libyen. Car légitimité doit nécessairement rimer avec crédibilité. Tous, on le voit, n’ont pas la mémoire sélective de l’Otan…
Aujourd’hui en Libye, comme hier en Côte d’Ivoire, seul le soulagement de s’en être sorti indemne explique les scènes de liesse dont les médias occidentaux abreuvent leurs téléspectateurs. Car l’instinct de survie se nourrit de l’immédiateté. Carpe diem
Mais pour "sauver" ces populations de la répression du dictateur combien a-t-il fallu sacrifier de vies innocentes qui n’avaient aucune vocation pour le martyr ?
La question se serait certainement posée avec acuité si ces événements s’étaient déroulés dans un pays occidental. Seulement voilà, puisque leurs concitoyens bien en sécurité loin du terrain des hostilités, les dirigeants occidentaux rangent ces meurtres- mais ils prennent bien garde de le dire- dans la morbide case des "victimes collatérales". Or donc plus de soixante ans après Hiroshima et Nagasaki, une éthique politico-militaire n’autorise plus de se complaire dans cette logique qui veut que la fin justifie les moyens. D’ailleurs les Occidentaux en ont fait une règle d’or- on ne doit répondre à la barbarie par la barbarie- qu’ils respectent scrupuleusement chez eux et entre eux. Seulement…

L’ONU
Tout ceci participe d’un environnement international des plus troublés. Et dont les repères moraux ne résistent pas au rouleau compresseur des intérêts personnels. Surtout que certains dirigeants occidentaux s’ingénient à confondre ces intérêts avec ceux de la nation, leurs pays, qu’ils précipitent dans d’intempestives guerres. Même lorsque personne ne les appelle à l’aide. Mais pour eux il s’agit d’une mission : "porter assistance à personnes en danger". Or donc là encore seuls les Occidentaux ont la faculté de déterminer le degré de dangerosité. Et surtout quel peuple est qualifié pour faire partie des victimes à protéger. Rien d’étonnant dès lors à ce que les auteurs de ces initiatives salvatrices versent résolument leurs actions au profit de toute l’humanité…
Les interprétations sont donc laissées à l’avenant, les plus forts créent des lois qui ont raison des principes jadis sacralisés par l’Organisation des Nations Unies.
Dans cette cacophonie légalo-militaire les principes se chevauchent les uns les autres.
La raison en est que les outils conceptuels de l’ONU pour la résolution des conflits s’avèrent tragiquement obsolètes. Et qu’au lieu de "guider", cette organisation "méta- nationale" se retrouve lamentablement à la remorque des ceux des pays occidentaux.
Aujourd’hui il appert que c’est dans la précipitation- on pourrait toujours arguer que l’urgence commandait l’action- que les Nations Unies ont donné mandat à la France et à l’Otan (en Côte d’Ivoire et par la suite en Libye) de "protéger les populations civiles" contre l’oppression leurs propres dirigeants ". Le problème c’est que ce principe, au demeurant louable, revêt des contours on ne peut plus flous. Et à l’évoquer beaucoup en Afrique se sentent floués. Il donne l’air d’un fourre-tout dans lequel on peut verser tout et son contraire.
D’aucuns trouvent même que cette nouvelle acceptation juridique, tombée presque ex nihilo dans l’escarcelle du droit international, ratisse si large qu’elle laisse libre cours à toutes sortes d’interprétations. La France et l’Otan l’ont étendue si loin qu’il faut craindre que leurs faits accomplis en Côte d’Ivoire et en Libye ne constituent un précédent en droit international.
L’apparent légalisme des Occidentaux est couvert par des résolutions onusiennes convoquées à la carte et dare-dare par les puissances qui contribuent le plus à son budget. Or donc rarement un secrétaire-général de l’Onu n’aura été une girouette autant que Ban Ki-Moon. Pour son premier mandat l’énigmatique Sud-Coréen s’était fait un point d’honneur de satisfaire à tous les desideratas des puissances qui lui avaient octroyé l‘insigne honneur de diriger la prestigieuse organisation internationale. Ces dernières l’ont récompensé en lui concédant un second mandat. Mais Ban Ki-Moon continue d’accuser la servilité de celui qui s’attend à autre chose après.
Un troisième mandat ou un secrétariat-général à vie ? Ou seulement peut-être que l’homme a l’habitude de visiter les planchers. Au vrai nul ne comprend cet esprit de larbin de la part d’un secrétaire-général de l’Onu, fonction au demeurant à nul autre prestigieuse. Le pire en est que l’attitude apeurée de Ban Ki-Moon autorise que l’organisation qu’il dirige, l’Onu, soit instrumentalisée par qui veut et peut. Or donc le Français Sarkozy veut. Et s’il lui plait, quand cela lui plait, il peut !

Décompte final
La victoire de la rébellion libyenne sur Kadhafi n’est due qu’aux massifs bombardements de l’Otan sur les forces loyalistes. L’expédition, on s’en doute un peu, est fort onéreuse pour les forces de l’Alliance atlantique. Sauf à être naïf personne ne croit qu’un tel engagement militaro-financier a été décidé par amour pour les Libyens. À tant aimer les Africains l’organisation militaire occidentale aurait déjà réduit à néant les Al- Shabab- somme toute une poigné de va-nu-pieds ridicules face à la puissance de feu de l’Otan- pour éviter le désarroi actuel du peuple somalien. Plus qu’en Côte d’Ivoire et en Libye, les Somaliens meurent par milliers chaque jour à cause de l’obstruction que les miliciens Shabab font à l’aide humanitaire. Autrement le nombre de décès en Somalie serait considérablement moindre que ce quoi le monde assiste aujourd’hui. Or donc s’il faut se risquer à une explication : les Occidentaux ont encore frais en mémoire la déconfiture que la puissante armée américaine subit jadis face à d’intrépides seigneurs de guerre somaliens.
Pendant ce temps cette aide péniblement constituée- le coût d’une seule journée de bombardement en Libye suffirait à couvrir les 200 millions de dollars manquants aux 340 millions que réclame le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF)- ne parvient qu’au compte-goutte aux sinistrés. On peut donc s’étonner de la hiérarchie morale de priorité établie par l’Otan dans les différentes crises qui secouent l’Afrique. Qui des Libyens et des Somaliens ont le plus urgemment besoin d’être secourus ? Puisqu’il apparait impossible de faire efficacement les deux en même temps.
Par ce choix on ne peut plus trivial, le contrôle de la rente pétrolière libyenne contre le risque que 500.000 enfants meurent si l’aide ne leur parvient pas immédiatement, les Occidentaux ont raté là une belle occasion de manifester cette solidarité humaine qu’ils n’ont de cesse de professer aux autres. Car le droit de vivre (et de ne pas mourir de faim) est le plus fondamental des droits humains. Un droit au demeurant plus encré dans l’humanisme que la démocratie. Pis, même au moment où la rébellion libyenne a le contrôle de la presque totalité du pays, l’Otan met encore plus de zèle à en réduire les poches de résistance qu’à s’attaquer à cette tragédie participant des nuisances des Al-Shabab. Troublant.
D’ailleurs des voix commencent à s’élever de par le monde, surtout en France, pour fustiger cette anomalie, cette antinomie. Mais surtout pour exiger de l’Otan un décompte exhaustif de morts innocentes que son expédition libyenne aura coutées. Puisque la protection de la population civile devait nécessairement englober la préservation de la vie de tous. Que l’on se comptât des insurgés ou non. On a aujourd’hui l’impression que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a en Libye préservé autant des vies qu’elle en a emportée. Sinon plus.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
Cet article est disponible sur AFRIQUE ACTU sous le lien ci-après:
http://www.afriqueactu.net/2011/09/13/libye-otan-en-emporte-les-innocents-29657.html

mardi, septembre 06, 2011

RD-CONGO: MOT D'ORDRE

D’être dictateur dans la Rome antique constituait un statut auquel les élites aspiraient. La veille de son assassinat par son fils Brutus, le général Julius Caesar- dit Jules César- avait ainsi sollicité auprès des sénateurs d’être reconnu comme le dictateur de Rome ! En raison de ses hauts-faits de guerre.
Or donc aujourd’hui, même le plus patenté des dictateurs répugne à être taxé de dictateur. Parce qu’en traversant le temps le mot s’est chargé d’opprobre et d’indignité ; pour ne plus désigner que des mécréants dans la compagnie desquels nul ne souhaite être surpris.
Les dictateurs en puissance, eux, cachent parfois si bien leur jeu qu’il est difficile de les reconnaitre avant qu’ils ne sévissent une fois au pouvoir. Trop tard hélas !
La prudence commande donc de scruter les faits et gestes de qui sollicite le suffrage suprême afin de s’éviter d’inutiles souffrances dans l’avenir. L’exercice, on s’en doute, comporte quelque malaise puisque l’observé- lequel se sait observé- se surveille afin de ne rien laisser transpirer de ses inclinaisons. Aussi c’est parfois dans les plis du comportement humain qu’il faut aller voir : dans des attitudes d’arrogance, et des postures de mépris, des phrases échappées d’un esprit acariâtre qui insupporte la contestation etc. Il faut scruter le sens caché de toutes ces "petites choses" auxquelles on ne prête d’ordinaire guère attention mais dans lesquelles s’enferme la mégalomanie, l’indication la plus révélatrice, parce qu’éprouvée, d’un dictateur en herbe. Lequel ne s’ignore jamais. Loin s’en faut.
Pour illustrer : un candidat à la présidence congolaise- tout le monde l’aura aisément reconnu dans l’ensemble des travers qui viennent d’être évoqués- a incité ses partisans de la diaspora à un curieux exercice. Cet émule de César a d’abord entrepris de révéler à ses fanatiques- le terme est mesuré- la puissance financière que les hommes et les femmes de la diaspora constituent auprès des leurs familles demeurées au pays. Pour ensuite leur demander sans ambages d’user de ce pouvoir économique "à bon escient". Ce qui dans l’esprit, et le verbe, de ce leader politique n’était rien d’autre qu’un appel à influencer le vote de ces "assistés familiaux" à son profit. L’incitation fut suggérée de la manière la plus explicite qui soit. Mais il dit plus, il exhorta ces fanatiques, non pas de sa cause mais de sa personne, d’user de menace s’il le fallait.
Or donc il en faut pour persuader sa famille au Congo de voter dans un sens plutôt que dans un autre. Autrement les vivres lui seraient coupés !
Une épée de Damoclès est désormais suspendue au-dessus des têtes récalcitrantes.
Au lieu que de convaincre les électeurs congolais l’homme a choisi la contrainte.
Au point de vouloir affamer ceux qui seraient tentés de ne pas voter pour lui.
Qui n’est pas pour moi est contre…soi-même.
Ce sont là des signes qui ne trompent pas. Ils figurent un esprit prêt à tout pour atteindre à ses intérêts personnels. La naïveté seule assure qu’une fois au pouvoir un tel quidam reviendra à des considérations plus… démocratiques. Et qu’il reconnaitra que chacun est libre de ses choix et opinions.
Le pire en est que cette option de la terreur a fait plus d’adeptes dans la diaspora que ne l’eut cru son propre auteur. Les uns et les autres soutiennent désormais mordicus que c’est là la seule façon d’offrir la présidence à leur dictateur. Et puisque les Congolais de l’étranger ne disposent pas du droit de vote, ils pourront disposer, la main sur la bourse à défaut de l’avoir sur l’urne, du vote des leurs familles qui dépendent de leurs transferts monétaires.
Beaucoup sont déjà prêts à suivre cette clairvoyante suggestion de la part d’un homme politique qui ne s’est jusqu’alors jamais illustré par des idées aussi clairvoyantes sur la direction de son pays. Mais quel genre de dirigeant sera demain un individu qui aujourd’hui s’autorise de pratiques aussi douteuses pour se faire élire ?
Tout est dans l’esprit. Or celui de ce candidat à la présence de la RDC ne présage rien de bon pour la vitalité démocratique de ce pays. Qu’il veuille forcer son destin- le temps lui est manifestement compté- est une chose. Mais d’ainsi vouloir forcer celui du peuple congolais atteint à l’usurpation et au coup de force.
Car une fois de plus l’homme s’est trompé de combat. Mais il en a l’habitude. Aujourd’hui il exporte la joute là où elle ne compte pas.
Et il est à ce point éloigné des réalités de ses concitoyens qu’il ignore que nul dans la diaspora n’aide sa famille politiquement !
Il ne lui reste plus alors qu’à demander aux Congolais, ainsi que jadis Jules César, de le choisir comme leur dictateur !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ


dimanche, septembre 04, 2011

AUX ORIGINES DE L'ESPECE CONGOLAISE

D’aucuns posent déjà comme une gageure la tenue des élections présidentielle et législative au Congo pour novembre 2011. Lors même on en est seulement qu’à quelques mois…Or donc la Commission Électorale Indépendante (CEI) émet fermement un avis contraire, malgré de « …réelles tracasseries d’ordre administratif ». Sans compter bien entendu les sempiternels fantasmes, dont se farcissent d’ordinaire ceux qui craignent de perdre, à propos de tentatives de tricherie. Une précaution qu’il vaut mieux prendre avant, si l’on a l’intention de contester les résultats…après !
Dans l’entretemps de nombreux férus d’anthropologie tirent les ficelles des origines de "l’espèce congolaise" sans savoir ce qu’ils y trouveront au bout. La pudeur seule répugne à désigner cette inlassable quête de "congolité" ; pour ce que ce terme peut signifier de repli identitaire.
Quand nationalité se confond dangereusement avec nationalisme…
Ces apprentis-sorciers, dans une anthropophagie heureusement que verbale, à peine repus de la chair de Joseph Kabila, destinent maintenant Vital Kamerhe à la même curée.
Au vrai le président congolais, en échouant à faire la démonstration "hors de tout doute raisonnable" de sa nationalité, n’a réussi qu’à nourrir la suspicion à son endroit. De plus en plus de Congolais le tiennent pour un Tutsi du Rwanda. Or donc il n’est pire crime au Congo que d’être apparenté à Paul Kagamé le fossoyeur du pays de Lumumba. Kamerhe pèche par deux fois… de trop. D’abord pour sa longue proximité d’avec Kabila. Ensuite pour sa proximité originelle avec la frontière rwandaise. Depuis, ses propres origines sont interrogées. On a tôt fait de le faire basculer de l’autre côté de la frontière par le biais d’un amalgame dont Honoré Ngbanda seul a le secret. Et Kamerhe peine encore à revenir, au niveau de la nationalité cela s’entend, au statu quo ante. Sociologiquement, d’être natif de l’Est du Congo expose désormais à la suspicion : on est un transfuge au mieux, sinon, pis, une "taupe". En tous les cas l’opprobre n’est jamais loin.
À ce stade de l’incrimination pour "délit d’origine" nul n’est plus à l’abri dans l’arène politique congolaise. Car du jour au lendemain d’aucuns peuvent débusquer d’inopportuns liens propres à ramener qui que ce soit vers des origines rwandaises. Au mépris de toute distance physique en rapport avec ces lieux honnis.
Le seul qui ne risque rien c’est Étienne Tshisekedi ! L’homme est devenu une véritable icône vivante, porteur d’une mission quasi messianique. Laquelle ne se résume qu’à évincer Joseph Kabila du pouvoir. Point. Et nul d’ailleurs ne lui en demande plus.
Aussi personne ne semble vouloir se rappeler qu’en 2002 Tshisekedi flirta ostensiblement avec le même Paul Kagamé(1). Alors que celui-ci s’était déjà commis dans les pires atrocités contre les populations à l’Est du Congo. Aujourd’hui une telle proximité ravalerait qui que ce soit au rang de suppôt de Satan ! Mais puisque à Étienne Tshisekedi personne ne demande jamais rien… Intouchable !
Nul ne penserait à l’interroger sur son service aussi long que servile auprès de Mobutu. Comme s’il n’existait aucun lien de cause à effet entre cette dévotion passée et la situation actuelle du pays.
Or donc qui se rappelle que Kamerhe s’insurgea un jour contre la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais ? Et qu’il dut à cela la disgrâce qui le décida à rallier l’opposition.
Qu’à cela ne tienne : à l’approche des élections présidentielles Vital Kamerhe prend langue avec tous les opposants au régime de Joseph Kabila. Le scrutin n’étant désormais qu’à un seul tour il a conscience que le succès passe par une union sacrée d’où il faudrait choisir un candidat unique à opposer au président sortant. Tous y sont favorables. Tous, sauf bien entendu Étienne Tshisekedi. Lui n’a besoin de personne. L’homme, flatté dans son égo démesuré, trône tel ce "Sphinx" auquel ses partisans l’apparentent. « Phénix du haut de ces bois », l’on voudrait aussi que son ramage se rapportât à son plumage. Et ce, malgré une élocution aussi laborieuse que l’énoncé d’une vision claire pour le Congo.
Et toujours pour emprunter au corbeau de Lafontaine, l’homme risque de perdre le fromage du pouvoir, et avec lui toute l’opposition.
Vital Kamerhe se pose pendant ce temps en rassembleur. Il en convainc plus d’un chaque jour. Toute origine confondue !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ
(1)http://thommaty.skyrock.com/88999585-Le-flirt-rwandais-d-Etienne-Tshisekedi.html