dimanche, octobre 30, 2011

PAUL QUI RIT

By FoQus Media on Sunday, October 30, 2011 at 5:15am.
L’assassinat crapuleux de Mouammar Kadhafi est fait pour troubler le long sommeil d’ordinaire tranquille de Paul Biya. L’événement a incidemment coïncidé avec la publication des résultats de l’élection présidentielle au Cameroun. La chose ne pouvait pas plus mal tomber pour le locataire du Palais d’Etoundi- il y réside si longtemps qu’il doit en être devenu le propriétaire. Car les deux dates coexisteront toujours pour rappeler qu’à la déchéance de l’un s’inaugurait une nouvelle échéance pour l’autre. Un voisinage historique dévastateur pour l’image. Peut-être un signe prémonitoire, qui sait ? Mais Paul Biya, ainsi que tous les dictateurs africains, ne sait pas lire les augures. Des charlatans, les marabouts, leur disent la "bonne aventure" en les assurant d’une pérennité presque toujours démentie par la conclusion funeste de leur destin. Désormais la controversée réélection, parmi tant d’autre, de l’inamovible président camerounais appellera le souvenir du guide libyen humilié jusque dans la mort. Un épisode de la vie de Paul Biya demeurera à jamais lié au destin de Mouammar Kadhafi. Avec la mort du colonel-bédouin le "Livre des morts des dictateurs" grossit. Les "exécuteurs occidentaux" nettoient la place au profit des peuples arabes et africains. Puisqu’ailleurs tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…Or donc c’est cela qui gêne : l’impression que l’on ne s’en prend qu’aux plus faibles. Car hormis les peuples qui "bénéficient" de cette "libération", partout en Afrique cette reprise en mains de l’Occident sur le continent laisse un gout amer. Mais l’on peut comprendre que l’instinct de survie de ceux qui sont opprimés l’emporte sur l’éthique politico-juridique. D’autant que les dictateurs arabo-africains, comme ceux du Moyen-Orient et de l’Europe de l’Est, ne sont pas réputés pour fait dans la tendresse. Loin s’en faut. Mais d’ainsi trier dans le cheptel pour décider qui sera abattu ou préserver est d’une indécence qui confine à l’arrogance et à la condescendance. De là à ce que l’on crie au néocolonialisme et à l’impérialisme il n’y a qu’un pas. Que le mépris mainte fois affiché de l’Otan a fait franchir aux "autres africains".

Quant à leurs dirigeants, chacun doit rire sous cape sur la tragédie libyenne en se rassurant de ce qu’il n’est pas concerné. Car dans l’entendement de ces hommes avertis qui n’en font pourtant qu’un, ces choses-là n’arrivent qu’aux autres…
Mais si Paul Biya rit lui aussi d’avoir tiré une fois de plus son épingle du jeu, il doit rire jaune. Laurent Gbagbo était somme toute meilleur que lui. Et pourtant…
Mais il y a pire : Paul Kagame. Il y a peu le dictateur rwandais s’esclaffait aux éclats, tout à son bonheur d’avoir moqué toute la communauté internationale sur le génocide dont il tire insolemment profit depuis près de décennies.

Mais aujourd’hui le passé le rattrape à grands pas puisque les Occidentaux, sans doute excédés par l’arrogance du maitre de Kigali, ont décidé de lever l’écran de fumée qui empêchait de voir les crimes de cet Ubu-roi. Du coup on peut aussi entendre les accusations portées contre lui par certains de ses proches. Car le généralissime semble s’être vanté à l’avenant. Étonnant de la part d’un tel adepte du secret. Mais les mégalomanes inclinent généralement à la vanité.
Paul Kagame n’a donc pu résister au désir frénétique de s’ouvrir de ses méfaits auprès des siens. Actuellement beaucoup trop de sources concordantes accréditent la thèse le désignant comme l’assassin du président Juvénal Habyarimana. Et les plus récentes de ces accusations proviennent de Théogène Rudasingwa, nul autre que l’ancien ambassadeur du Rwanda à Washington ! L’homme, exilé aux États-Unis, déclare sans ambages que le dictateur lui-même se serait confié à lui. Pour lui avouer être l’auteur de l’attentat qui couta la vie à l’ancien président hutu du Rwanda. Or donc tout le monde sait que ce fut-là l’acte déclencheur du génocide dont Kagame a su habilement faire son fonds de commerce. Jusqu’ici.

Mais contrairement à Paul Biya, Paul Kagame lui sait lire les augures. Il voit bien que son crédit sur le plan international s’amenuise comme peau de chagrin. Depuis il fait profil bas. Au dernier sommet du Commonwealth en Australie- mais qu’est-ce qu’une ex-colonie belge y faisait ?- il s’est bien gardé d’afficher son triomphalisme habituel. Ainsi qu’il le fit en France un mois plutôt, prenant bain de foule au milieu des Tutsi en pâmoison.

À présent le dictateur adopte une posture d’une feinte humilité. Dans son pays il multiplie les commémorations sur le génocide. Histoire de rappeler au monde la tragédie dont son peuple et lui-même souffrent encore aujourd’hui. Une attitude victimaire qui tranche d’avec son panache de toujours. Mais Kagame a cruellement besoin d’attirer à lui la compassion. Afin d’échapper à la sentence de l’Histoire. Et à la justice des hommes !
Manifestement ce Paul-là est un homme avertit.
Et il en vaut pour deux. Pour Biya et lui-même.
Rira bien qui rira le dernier
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ