jeudi, décembre 22, 2011

AGENCES DE NOTATION

"AAA" et "CCC" : Terreur alphabétique sur la finance internationale

By FoQus Media on Thursday, December 22, 2011 at 5:06am
Elles sont apparues ainsi que de nouvelles comètes- ou de dangereuses météorites- venues s’inscrire dans le ciel de la finance internationale. Les plus connues d’entre elles, trois véritables "ogives nucléaires", s’appellent Moody’s, Standard & Poor’s (S&P) et Fitch.
Il y a seulement deux ans le citoyen lambda n’en avait jamais entendu parler, cependant qu’elles "notent" depuis longtemps déjà les États, les entreprises multi ou transnationales, et les grandes institutions financières. Dans l’ombre et dans une opacité quasi occulte.
C’est la crise des "subprimes"(1) aux États-Unis qui a rendu célèbres ces agences qui n’aspiraient qu’à opérer incognito. Or donc de vivre ainsi cachées les mettaient à l’abri d’une exposition susceptible d’appeler plusieurs interrogations sur leur mode de fonctionnement.
D’autant que leur crédibilité tient à deux choses : elles se doivent d’être neutres et irréprochables pour prétendre au statut de démiurge de la haute finance. C’est là leur marque de commerce- ce ne sont pas d’officines de bienfaisance- puisqu’elles doivent bien tirer profit de ce puissant magistère qui les pose en incontournables !
Paradoxalement, ce sont les États eux-mêmes, mais aussi les investisseurs internationaux, qui financent ces agences de notation. Pour les premiers il s’agit de s’assurer la meilleure note, le fameux "triple A", qui permet d’emprunter à un taux avantageux. Les banques, elles, paient pour connaitre la solvabilité de leurs emprunteurs. Une information cruciale qui sert à déterminer les taux d’intérêts à appliquer aux clients (les bons ainsi que ceux qui sont à risques). Les agences de notation agissent en quelque sorte comme des consultants externes à une entreprise, mais dont l’expertise serait payée par ladite entreprise pour faire l’audit de ses finances.
En toute impartialité.

Des entreprises rentables
Seulement, ces agences sont loin de jouir de l’indépendance dont elles se réclament pour gage de leur impartialité : l’américaine Moody’s appartient, à hauteur de 13%, au milliardaire Warren Buffet, actuellement l’homme le plus riche de la planète. Un autre américain, l'éditeur McGraw-Hill Companies est le vrai patron de Standard & Poor’s. Cependant que Fitch est la propriété de la société financière française Fimalac, fondée par Marc Ladreit de Lacharrière.
De plus Moody’s est cotée en bourse à l’instar de toute autre société !
Preuve que ces agences sont des entreprises indépendantes du pouvoir public, et dont le but est de générer des profits. Comme toute autre entreprise privée.
Et puisqu’aucune n’est en situation de monopole, elles sont concurrentes dans l’attribution des parts du marché. Un dangereux biais propice au conflit d’intérêt, situation d’ailleurs que de nombreux experts ont cru déceler avec les subprimes et la sur-notation d’Enron(2).
On est en droit de s’étonner que ces agences n’aient pu prévenir ces fiascos pourtant annoncés. Le cas d’Enron surtout intrigue : Mark Froeba, un ancien employé de Moody’s, a livré devant la Commission d'enquête sur la crise financière du Sénat américain, un témoignage édifiant sur le fonctionnement de cette agence de notation «Quand j'ai quitté Moody's, la pire crainte d'un analyste était qu'il fasse quelque chose qui mettrait en danger la part de marché de Moody's, de causer du tort à son chiffre d'affaires (…) et de perdre son travail en conséquence», a-t-il dénoncé. Or, un analyste devrait seulement craindre de «contribuer à l'attribution d'une note qui serait fausse».
En d’autres termes, l’agence qui se serait alors risquée à octroyer une mauvaise notation à cette entreprise (Enron) aurait perdue, du même coup, près de la moitié de son chiffre d’affaire annuel. Difficile dans ces conditions de ne pas y voir une relation de cause à effet. Certains parlent même de collusion, voire d’une sorte de corruption.

Les "Trois grandes"
"The Big Three ", (Moody’s, S&P et Fitch) ont-elles réellement détourné pudiquement les yeux sur ce qu’elles ne voulaient pas voir chez Enron ? Vrai ou faux, l’apparence de conflit d’intérêts demeurera pour longtemps. Une suspicion nourrie par le fait que ces agences de notation engrangent de considérables émoluments pour des services désormais incontournables pour ceux qui empruntent sur les marchés financiers internationaux.
Les agences perçoivent autour de 100.000 dollars auprès d’une entité désireuse de se faire évaluer par elles. Ensuite la moitié de cette somme doit être versée, en guise "d’abonnement", par le pays, ou l’entreprise solliciteuse des services de ces agences. Enfin, ces officines exigent une commission substantielle sur chaque transaction (emprunt) de leur client sur les marchés internationaux. Un bonus qu’elles trouvent mérité parce que c’est elles qui garantissent la valeur de ces emprunts par leur notation. Elles seraient donc des sortes de garants incontestables et qui produiraient une parole d’évangile. Un évangile dont le pouvoir a fortement décliné puisque leur impartialité est désormais mise en doute.
Depuis, et pour faire la preuve de leur impartialité, les agences de notation menacent de dégrader les grandes puissances économiques telles les États-Unis, la France ou l’Allemagne. Histoire de bomber le torse en prétendant n’avoir peur de personne. Mais même cela ne suffira pas à effacer le préjudice. Trop peu, trop tard…
Et comme pour faire un exemple elles ont sévi sur "la faible Grèce", brandissant un doigt sentencieux sur l’Italie, au point de déstabiliser toute la zone euro.

Frankenstein
Qu’à cela ne tienne : Des États souverains adoptent des mesures d’austérité et de redressement les plus draconiennes, à l’injonction des agences de notation dont ils sont les clients, de peur de voir leur cote de crédit baisser. De maintenir à tout prix le "AAA" est devenu un objectif qui occulte l’atteinte de tous les autres. Car en ces temps de l’internationalisation de la finance - village global oblige-, les États ont graduellement cessé d’être des lieux d’expression du pouvoir politique. Pour ne plus constituer que des succursales du marché financier international.
Aussi afin d’optimiser la régulation du système- l’argent ne dort jamais- les pays sont désormais des "places financières", ou des places boursières (3), qui se relaient nuit et jour pour pallier la différence des fuseaux-horaires.
Abdication du politique au profit du financier, sous-ordonnance des pouvoirs publics nationaux aux marchés financiers mondiaux, c’est le monde de Frankenstein ! Or donc ce nouveau "monstre"- pour d’autres un nouveau deus ex machina- est si puissant que ses diktats produisent, partout où ils sont scrupuleusement appliqués, un délitement du tissu social. Pour un gain qui n’est jamais garanti. La Grèce et l’Italie en sont déjà à plusieurs "plans de redressement" sans que leurs situations en soient améliorées pour autant. Entretemps ce sont les citoyens qui en paient le plus lourd tribut par de massives suppressions d’emploi ; ainsi qu’un démantèlement progressif des services publics. Partout où sévit la "loi des marchés", par l’intermédiaire de mesures d’austérité, s’ensuit automatiquement une dégradation du pouvoir d’achat du citoyen. Et de son niveau de vie. Des sacrifices pour lesquels on lui promet des lendemains enchanteurs.

Vain sursaut
Devant ces multiples agressions contre l’Homme et la vie communautaire, des groupes de pression se sont constitués dans presque toutes les grandes villes du monde capitaliste.
Le mouvement dit des "Indignés" veut résister en assiégeant, par l’occupation, les places boursières et autres symboles du "capitalisme sauvage".
Mais avant l’émergence de ce mouvement, de timides velléités de contrôle du système de notation avaient été émises ci et là. L’Europe se plaça à l’avant-garde en proposant la création d’une agence de notation européenne. L’idée a fait long feu même si auparavant elle reçut l’assentiment des sommités telles le chef de file des ministres de finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Le vice-chancelier allemand Guido Westerwelle, et la chancelière Angela Merkel elle-même, s’essayèrent à la faire accepter. Sans succès.
Les uns et les autres y renoncèrent bien vite devant l’agitation qui se produisit sur le marché de l’argent. Car l’idée d’un quelconque contrôle des marchés internationaux par les pouvoirs publics nationaux hérissent les investisseurs et rend le marché frileux et volatil. Résultat : ce dernier est livré aux mains peu scrupuleuses des spéculateurs, lesquels agissent alors tels des fauves se jetant sur une proie sans défense. Or donc les dommages peuvent être tragiques quand la proie se trouve être le système économique d’un pays, la solvabilité d’une banque ou d’une multinationale cotée en bourse.

Comme à l’école
Depuis cette tentative échouée, plus rien : impuissants, les États semblent s’être résignés à subir le joug des agences de notation. En attendant une solution-miracle, un vaccin ou un antidote, quelque chose qui viendrait contrebalancer la toute-puissance de ces officines.
En attendant tous font sagement leurs devoirs afin de mériter un bon bulletin sur lequel s’affichera un triple A. Comme à l’école. Sauf que les élèves, eux, ne paient pas pour cela !
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

(1)http://www.gralon.net/articles/economie-et-finance/credit/article-les-subprimes---definition-et-raisons-de-la-crise-2235.htm
2) http://www.piloter.org/gouvernance-entreprise/enron.htm
(3)Les principales places boursières dans le monde : http://blogue.placementsquebec.com/2010/02/19/liste-des-principales-places-boursieres-dans-le-monde/

samedi, décembre 17, 2011

RDC: PASTOR MOSS FOR PRESIDENT!

By FoQus Media on Saturday, December 17, 2011 at 6:50am

Dans un prêche inspiré, et assis sur une recherche intelligente, un jeune pasteur afro-Américain, Otis Moss III, parle de la RDC. Le serviteur de Dieu établit une causalité directe entre la richesse minière de ce pays (principalement le coltan), et le drame que connait le Congo depuis plus d’une décennie.
Le pasteur Moss démonte le mécanisme à l’œuvre derrière les multiples agressions qu’a subies la RDC- 4 millions de morts à ce jour, plus que le nombre cumulé des victimes de conflits des 40 dernières années !- et l’implosion du téléphone-portable (ou cellulaire). Car cet outil de communication devenu quasi indispensable pour tous, et partout dans le monde, ne peut fonctionner sans cet indispensable élément qu’est le coltan. Or donc ce minerai, rare, se trouve en abondance en RDC. D’où les guerres d’agression de l’Occident, par le Rwanda interposé [le pasteur ne le dit pas], pour le contrôle de la production de ce minerai.
On ne peut, dès lors, s’empêcher une analogie entre le Congo et ces autres guerres d’agression occidentale commises pour le contrôle du pétrole en Irak et en Libye…

Ce document fort instructif est désormais disponible, mais seulement en anglais, sur le Net sous le lien suivant : http://www.youtube.com/watch?v=hRzLXDryB44&feature=youtu.be
Il mériterait d’être traduit en français et dans les quatre langues nationales de la RDC afin que tous les Congolais en prissent connaissance. C’est un document d’intérêt national qui a la particularité d’être un outil pédagogique pour le peuple aujourd’hui. Autant que pour la postérité.
Il est producteur de sens pour le peuple congolais là où celui-ci se perdait en vaines conjectures.
Ceci dit, la sortie du pasteur Otis Moss III devrait intriguer non point par le contenu de ses révélations, du reste connues, mais par le fait que ce soit un étranger qui évente "le pot-aux-roses" !
En d’autres termes : aucun leader politique congolais n’en a jamais parlé avant. Alors même que ce sujet aurait pu constituer un thème de campagne pour cette présidentielle de tous les dangers. Nul avant le pasteur Moss n’avait aussi rigoureusement établi la corrélation, la relation de cause à effets, entre cet innocent engin qu’est le portable avec les cinq millions de morts de la RDC. Pas même Honoré Ngbanda pourtant champion de la théorie du complot. Il faut croire qu’il n’en savait rien ou, trop occupé à traquer les origines de Joseph Kabila il est passé à côté de l’essentiel : une information cruciale pour le peuple congolais. Ce peuple pour l’éducation duquel il s’est autoproclamé le gourou.
Après cette grave omission on se prend à espérer que ce mollah se taira désormais.
À tout jamais !

Mais pour l’élite politique congolaise le fait est autrement plus décrédibilisant. Car rien ne justifie qu’elle ait pu ignorer une situation qui se déroule sous ses yeux depuis des lustres !
L’intervention de l’Américain Moss oblige à s’interroger sur la capacité des uns et des autres à diriger un pays dont ils ignorent la réalité géostratégique. Les fanfaronnades basées sur la popularité conviennent plus aux stars de la "pop" qu’à des politiciens ayant un devoir d’éducation de la masse populaire.
À supposer, a contrario, que l’élite politique ait été au fait des allégations, au demeurant avérées, du pasteur Moss III, pourquoi alors l’avoir tu ?
Sinon qu’à considérer que le peuple est trop stupide pour atteindre à ces hauteurs de la connaissance. Or donc de ce peuple on use sans scrupules pour atteindre à des ambitions personnelles. Quitte à s’en servir, au besoin, comme chair à cannons.
Mais peut-être que l’opposition- puisqu’implicitement Kabila est censé participer à cette funeste collusion- avait des raisons occultes de ne point incriminer les fossoyeurs de leur pays.
Dans un cas comme dans l’autre la faute est grave et appelle la sanction du peuple. Surtout celle de ces jeunes qu’on envoie mourir dans la conviction d’une cause juste. Cependant que cette cause, pour ceux qui la portent sans la défendre, répond à des préoccupations éloignées de la morale. Et de l’éthique politique !
On est loin désormais de la propagande patriotique dont certains se sont prévalu pour abuser les Congolais. Or donc l’obscurantisme n’a jamais servi que ceux qui ont des raisons d’œuvrer dans l’opacité. Puisque le peuple croit ce qu’il entend et voit, même si sans comprendre. Il lui manque cette connaissance globale des aspects de l’énigme auquel il fait face au quotidien.

L’éducation est soit infuse, soit diffuse : dans le premier cas elle est octroyée verticalement- mais de haut en bas- par tout ce qui représente l’autorité. L’éducation diffuse cependant est cet enseignement qui s’acquiert hors d’un cadre structuré, elle s’appelle la rumeur, "radio-trottoir", le bruit…
Ce sont le plus souvent des contre-vérités érigées en "vérité d’évangile", puisqu’elles ont été distillées par les médias, en l’occurrence aujourd’hui, Internet. Alors même que le Web est une plate-forme qui "enrichit les riches et appauvrit les pauvres". En ce sens qu’il ne renseigne vraiment que ceux qui détiennent déjà la connaissance qui les autorise à en tirer profit. Ceux-là seuls sont capables de démêler, dans ce fourmillement saturé d’informations, la bonne graine de l’ivraie, l’information de "l’intox". Pour les autres, ils n’en finissent pas de s’empêtrer dans l’éducation diffuse…
L’opposition congolaise a échoué à ce devoir d’éducation puisqu’elle avait la tête ailleurs, dans de rêves de couronnement, puisque le pouvoir lui semblait désormais à portée de la main…
« Mon peuple meurt faute de connaissance… », se plaignit déjà le Christ. Mais après le prêche du pasteur Otis Moss III, ceux qui iront mourir sauront désormais pourquoi ils se sacrifient.
Il est au Congo une autre autorité, morale et spirituelle celle-là, l’église catholique. Le peuple congolais est l’un des plus croyants qui existent dans le monde chrétien. Mais sa foi s’est éloignée, au fil des ans, de l’église catholique au profit des églises "d’éveil spirituel" d’obédience protestante.

Or donc l’ambiguïté qu’affiche l’église catholique sur la scène politique congolaise n’encourage guère au retour dans son giron ces âmes qu’elle a perdues.
En 2006, c’est un prêtre catholique, l’abbé Malu-Malu, qui présidait la Commission électorale nationale indépendante(CENI). Dans des conditions presqu’analogues à celles qui prévalent aujourd’hui, il proclama le même Joseph Kabila vainqueur de l’élection présidentielle au détriment de son rival Jean-Pierre Bemba. Or hier, comme aujourd’hui, on cria à la fraude sans que l’église catholique ne s’en émut outre mesure. Le Vatican, croit-on savoir, décréta une "omerta" sur ses membres afin de protéger la réputation de l’abbé Malu-Malu. Et par voie de conséquence celle de l’église catholique.
Une ligne de conduite alors scrupuleusement suivie par monseigneur Mosengwo, dont la parole vient subitement de se libérer lorsqu’un pasteur protestant est aux commandes de la CENI.
Est-ce une coïncidence, ou c’est la guerre des confessions qui s’invite dans l’arène politique ?

Certes les Congolais sont très attachés au christianisme, mais la RDC a opté pour la laïcité de ses institutions. Et l’église catholique, qui n’a participé à aucune des étapes du présent procès électoral, n’a guère autorité pour certifier les résultats des urnes. C’est dire que l’arbitrage non sollicité de monseigneur Mosengwo doit être considéré pour ce qu’il est : intempestif et déplacé.
Le pape, évêque de Rome et chef de l’église catholique, ne s’est jamais immiscé dans la politique interne de l’Italie autant que vient de le faire l’évêque de Kinshasa pour son pays.
Les Congolais, en ces temps de confusion idéologique, n’ont surement pas besoin qu’on ajoute à la complexité de leur situation.

L’église catholique, on l’oublie trop, est cette institution qui autorisa jadis au colon de prendre pied au Congo. Pour y brimer les autochtones.
Il lui reste encore de faire son mea culpa sur cette tragédie dont le peuple congolais a souffert dans sa chair et dans son esprit. Au lieu que de s’occuper de politique.
Pour ce peuple que l’église catholique considère encore pour acquis, en déniant la réalité, il vaudrait mieux encore qu’il soit dirigé par le pasteur Otis Moss III. Même si celui-ci n’est pas Congolais. Puisqu’il semble être plus soucieux du Congo que ses élites politiques et morales.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ

COTE D’IVOIRE : Mission impossible pour Ouattara

By FoQus Media on Saturday, December 10, 2011 at 6:39am
Le transfèrement de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, à la CPI est susceptible de poser au pouvoir d’Abidjan plus de problèmes qu’il n’est censé en résoudre.

Sous le vernis d’un pays finalement apaisé, à défaut d’être pacifié, une dangereuse grogne couve en Côte d’Ivoire. Un mécontentement qui sourdre par toutes les fissures opérées sur le tissu par la guerre. Une hargne alimentée par le sentiment qu’éprouvent les pro-Gbagbo de subir la "justice des vainqueurs". Le risque est bien réel que ce maelström de dépit mal contenu finisse par une conflagration! Tous les éléments concourant à cette funeste conclusion sont déjà à l’œuvre. Le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Gbagbo vient de suspendre sa participation à tout processus visant la réconciliation nationale. Notamment à la "Commission Dialogue, vérité et réconciliation" mise en place par le président Alassane Dramane Ouattara. Le sort de Laurent Gbagbo a toujours constitué la pierre d’achoppement entre le nouveau pouvoir ivoirien et les caciques du FPI : ces derniers exigeaient la libération pure et simple de leur leader comme préalable à toute entente allant dans le sens d’une paix négociée. Et pour bien montrer leur détermination, le FPI s’est déjà désisté des prochaines législatives organisées par le régime. Malgré que le gouvernement a voulu poser un geste de bonne volonté en libérant de la prison une centaine des pro-Gbagbo. Le FPI, lui, n’y a vu qu’un acte autocratique. Puisqu’au moins la moitié de ces prisonniers a recouvré la liberté sans avoir jamais été jugée ; ou même accusée de quoi que ce soit !

Difficile, dans ce contexte, d’arguer ensuite de l’indépendance de la justice par rapport au pouvoir politique !
C’est ce que dit, narquois, le FPI. Les partisans de Laurent Gbagbo jugent ces libérations de leurs partisans aussi arbitraires que fut leur détention.
Le FPI est une importante formation présente dans la vie politique ivoirienne depuis plus de vingt ans. Son retrait du processus de réconciliation vide cette initiative de sa substance.
Puisque ladite réconciliation ne devra plus s’opérer désormais qu’entre Ouattara et Henry Konan Bédié le chef du PDCI-RDR. Or donc les deux leaders politiques n’ont guère besoin de se réconcilier, ils furent alliés dans la crise post-électorale ivoirienne qui se conclut par la chute de Laurent Gbagbo.
Ils sacrifièrent à un jeu d’alliance opportune, eux qui auparavant avaient été des adversaires acharnés dans la succession de Félix Houphouët-Boigny (1).

Mais encore : le prochain parlement de la Côte d’Ivoire ne pourra réellement être considérée comme une véritable assemblée constituante si l’opposition y est absente. Car à l’heure actuelle le parti de Bédié n’est pas à proprement parler un parti d’opposition au pouvoir. Déjà parce qu’il détient quelques portefeuilles importants dans le présent gouvernement de Guillaume Soro.
Et que s’il n’avait été de l’urgence sécuritaire, le poste de premier ministre était censé échoir au PDCI-RDR…

Les deux camps
Aujourd’hui le président Ouattara jure, la main sur le cœur, que tous les crimes commis pendant la crise post-électorale ivoirienne seront punis. "Tous" ! Qu’importe que ces crimes aient été perpétrés par les protagonistes d’un camp ou par celui de l’autre. Un volontarisme que dément cependant la réalité des faits : à ce jour encore aucune personne du "camp des vainqueurs" n’a été interpelée par la justice ivoirienne. Seuls les pro-Gbagbo en ont fait les frais, alors même que les responsabilités des exactions ont été imputées aux deux camps…
C’est là en tous les cas la conclusion de tous les observateurs sur le terrain (2). Tous sont formels sur le fait que les deux parties au conflit se sont livrées à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité !

D’ailleurs Alassane Ouattara lui-même ne le nie plus. Il a fini par se rendre à une évidence, qu’à récuser, il risquait sa nouvelle crédibilité de démocrate. Raison pourquoi le président ivoirien promet une égale justice pour tous afin de ne pas prêter le flanc à ceux qui l’accusent de pratiquer une "justice des vainqueurs". Mais de la parole aux actes, il y a un monde de défis que le président ivoirien aura bien du mal à relever.
Au premier abord les "COMZONES"(3), ces commandants des milices qui l’aidèrent à vaincre Laurent Gbagbo. Or donc ces seigneurs de guerre continuaient, même après la fin du conflit, à sévir sur les populations civiles des ethnies fidèles à Laurent Gbagbo.

Afin de ramener la paix sociale, mais aussi pour récompenser des hommes qui n’hésitaient déjà pas à se payer sur l’habitant, le président ivoirien a fait de ces chefs des milices des hauts gradés militaires. Tout en intégrant leurs troupes dans la nouvelle armée ivoirienne. Cependant que de lourds soupçons de crimes semblables à ceux imputés au camp Gbagbo pèsent d’ores et déjà sur ces nouveaux officiers supérieurs. Des crimes de guerre et des crimes l’humanité susceptibles de convoquer la CPI !
L’opposition du FPI, quant à elle, y entrevoit une manœuvre du pouvoir d’imposer le fait accompli à la CPI.
Il est vrai que la tournure des événements est de nature à compliquer la tache à la justice internationale. Le gouvernement ivoirien pourra toujours arguer de la difficulté de livrer, comme pour Gbagbo, un grand nombre de ses officiers militaires sans risquer de déstabiliser le pays. Dans le cas, bien entendu, où ces derniers seraient convaincus des exactions dont les accusent les organisations de défense des droits humains. Et il faudrait éventuellement, pour faire exécuter un mandat de la CPI allant dans ce sens, recourir à une force coercitive.
Seulement l’armée ivoirienne d’aujourd’hui, c’est eux !

Crimes rétroactifs
En acceptant que la CPI étende ses enquêtes sur les crimes commis dans le pays en 2002, Alassane Ouattara semble s’être tiré une balle dans le pied. Ces crimes-là ne concernent que peu Laurent Gbagbo, puisqu’ils avaient été perpétrés pendant une tentative de coup d’état contre son régime.
Et c’est justement Guillaume Soro, l’actuel premier ministre, qui mena alors une rébellion contre le président démocratiquement élu, Laurent Gbagbo.
Or donc la CPI a maintenant faite sienne une proposition du procureur Luis-Moreno Ocampo sur la responsabilité directe. Il s’agit d’un principe qui impute au chef la responsabilité des actes criminels perpétrés par les troupes sous ses ordres. Raison pourquoi Jean-Pierre Bemba, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo-RDC, croupit dans les geôles de la Haye. Il y répond des actes commis par ses miliciens en Centrafrique, alors même qu’il n’y avait pas participé. Et qu’il est avéré qu’il n’avait jamais ordonné leur commission. Et pourtant…
Le strict respect de ce principe de responsabilité directe incriminerait directement le premier ministre Guillaume Soro. Car c’est bien ses "Forces nouvelles" qui sévirent sur la Côte d’Ivoire en tentant de renverser le président Laurent Gbagbo en 2002.
Mais ce pays ne peut se permettre d’aller aussi loin dans sa quête de la justice sans en payer le prix fort. Il risquerait alors de sombrer dans une crise bien plus grave que celle dont il vient de se sortir à grand peine.
Surtout que d’aucuns arguent que "la main occulte" d’Alassane Ouattara fut jadis l’instigatrice de ce coup de force de Soro contre Gbagbo. C’est pour ainsi dire le scénario du pire, si un tel cas était avéré.
EMERY UHINDU-GINGANJ

(1)Félix Houphouët-Boigny : Premier président de la Côte d’Ivoire à l’indépendance en 1960.
Il fut le fondateur du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA). Henry Konan Bédié lui succéda après sa mort survenue en 1993.
(2) L’ONU en Côte d’Ivoire(ONUCI), la Croix-Rouge internationale, et les organisations des droits de l’homme tels Human Rights Watch(HRW)…
(3)COMZONES : Commandants des zones. Les ex-chefs rebelles des Forces nouvelles contrôlaient 10 zones géographiques (toutes situées au Nord de la Côte d’Ivoire) au tout début de la rébellion.

RUSSIE : BATMAN ET ROBIN EN GUERRE !

By FoQus Media on Saturday, December 10, 2011 at 6:28am
Le tandem Poutine-Medvedev prête à rire : les deux hommes, tour à tour président et premier ministre de Russie, préfigurent des héros de bande dessinée. En l’occurrence Batman et Robin pourfendant les méchants terroristes tchétchènes. Quand ils ne se posent pas en hérauts de "la loi et l’ordre", défenseurs du bien public contre le pouvoir insolent de ces oligarques "qui volent le peuple".
Une manœuvre dilatoire pour réduire au silence ceux de ces nouveaux riches qui osent faire des infidélités au pouvoir. Des ingrats qui mordent la main qui a nourri leurs ambitions, des prétentieux qui témoignent du mépris à une source dont ils s’abreuvèrent abondamment.
Gavés de richesses et de puissance, certains parmi ces oligarques ont rêvé de devenir Calife à la place du Calife. Iznogoud…

C’est Boris Eltsine, le premier président de la Fédération de la Russie post-soviétique, qui procéda à la privatisation tout azimut du lourd appareil industriel de l’État.
Après le démantèlement de l’Union soviétique, l’économie du marché parut naturellement comme la panacée, le sésame qui ouvrait sur la prospérité par la propriété individuelle.
On appela enfin à la rescousse le système capitaliste, honni sous l’URSS, pour créer la richesse et le développement économique. Exit les ridicules rations des communistes, une nouvelle ère d’abondance se profilait devant les Russes…
Eltsine brada ainsi sans scrupules le patrimoine de son pays pour faciliter, pensait-il, l’émergence d’une classe moyenne comme en Occident. Au lieu de quoi il permit l’érection d’une classe spontanée des richissimes qui s’accaparèrent, pour une bouchée de pain, d’importants secteurs industriels publics. Une génération spontanée de colossales fortunes se forma sur les ruines de l’économie soviétique, reléguant le rêve américain au rang d’une simple rêverie.

Or donc certains de ces oligarques multimilliardaires, forts de leur nouvelle puissance financière, se sont risqués en politique en rejoignant les rangs de l’opposition. Une indélicatesse faite à l’égard de ceux qui" les avaient fait", une fronde qui ne pouvait demeurer impunie. Il fallait faire un exemple pour décourager d’autres adeptes à l’intrépidité. Vladimir (Vladimirovitch) poutine décida de frapper fort afin d’attaquer "le mal" à la racine : Mikhail (Borisovich) Khodorkovski, l’homme le plus riche de la Russie et ex-patron du groupe pétrolier Youkos, en fut la plus importante victime. Ses velléités démocratiques l’ont conduit dans le goulag de la Sibérie où il purge, depuis 2003, une peine de huit ans de prison. Officiellement pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle.
Prisonnier politique pour l’Occident et les organisations des droits de l’homme, leurs cris indignés n’y ont jamais rien changé. Pis, Mikhail Khodorkovski risque, dans une nouvelle poursuite, une peine cumulée de vingt ans ! Il est cette fois-ci accusé d’avoir commandité plusieurs meurtres.
On peut s’étonner qu’il n’ait pas déjà été condamné à mort et exécuté. Mais le maitre du Kremlin semble ne pas vouloir bouder son plaisir.
Car l’alternance de façade au profit de Dmitri (Anatolievitch) Medvedev cache mal le fait que Poutine est le vrai- et le seul- maitre de la Russie. Et il le demeurera, sauf imprévu, pour les deux prochains mandats ainsi que l’y autorise la Constitution. Son parti, Russie unie, vient de remporter les élections parlementaires destinées à choisir les députés de la Douma.
Dans le chaos le plus total ; et la contestation générale. Cependant que le parti communiste amorce une percée qui pourrait obliger Russie unie à quelques concessions auxquelles, du reste, tous les observateurs s’attendent. Du jamais vu dans la Russie !
Mais ce que l’on risque de ne jamais voir, c’est l’annulation pure et simple du scrutin, ainsi que le demande candidement l’opposition. Car si la Russie est maintenant pluripartite, elle n’en est pour autant pas démocratique. Pas tant que Poutine en sera aux commandes. Or donc tout porte à croire qu’il le sera pour longtemps encore, du moins pour la décennie à venir. En tous les cas, on ne peut douter que l’homme a la ferme intention de durer : Batman montre les muscles depuis le début de la contestation. Il la réprime durement, sans s’émouvoir outre mesure de timides indignations des chancelleries occidentales.
Barack Obama a une réélection à peaufiner ; et Sarkozy la crise de l’Europe dont il espère d’ailleurs tirer assez de dividendes pour s’assurer d’un second mandat.
Il ne reste plus, pour gêner quelque peu Poutine, que les organisations de défense des droits de l’homme. Autant dire du menu fretin.
Batman et Robin les jugent d’ailleurs assez insignifiants.
Raison pourquoi ils ne leur portent pas la guerre.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ