samedi, décembre 17, 2011

RUSSIE : BATMAN ET ROBIN EN GUERRE !

By FoQus Media on Saturday, December 10, 2011 at 6:28am
Le tandem Poutine-Medvedev prête à rire : les deux hommes, tour à tour président et premier ministre de Russie, préfigurent des héros de bande dessinée. En l’occurrence Batman et Robin pourfendant les méchants terroristes tchétchènes. Quand ils ne se posent pas en hérauts de "la loi et l’ordre", défenseurs du bien public contre le pouvoir insolent de ces oligarques "qui volent le peuple".
Une manœuvre dilatoire pour réduire au silence ceux de ces nouveaux riches qui osent faire des infidélités au pouvoir. Des ingrats qui mordent la main qui a nourri leurs ambitions, des prétentieux qui témoignent du mépris à une source dont ils s’abreuvèrent abondamment.
Gavés de richesses et de puissance, certains parmi ces oligarques ont rêvé de devenir Calife à la place du Calife. Iznogoud…

C’est Boris Eltsine, le premier président de la Fédération de la Russie post-soviétique, qui procéda à la privatisation tout azimut du lourd appareil industriel de l’État.
Après le démantèlement de l’Union soviétique, l’économie du marché parut naturellement comme la panacée, le sésame qui ouvrait sur la prospérité par la propriété individuelle.
On appela enfin à la rescousse le système capitaliste, honni sous l’URSS, pour créer la richesse et le développement économique. Exit les ridicules rations des communistes, une nouvelle ère d’abondance se profilait devant les Russes…
Eltsine brada ainsi sans scrupules le patrimoine de son pays pour faciliter, pensait-il, l’émergence d’une classe moyenne comme en Occident. Au lieu de quoi il permit l’érection d’une classe spontanée des richissimes qui s’accaparèrent, pour une bouchée de pain, d’importants secteurs industriels publics. Une génération spontanée de colossales fortunes se forma sur les ruines de l’économie soviétique, reléguant le rêve américain au rang d’une simple rêverie.

Or donc certains de ces oligarques multimilliardaires, forts de leur nouvelle puissance financière, se sont risqués en politique en rejoignant les rangs de l’opposition. Une indélicatesse faite à l’égard de ceux qui" les avaient fait", une fronde qui ne pouvait demeurer impunie. Il fallait faire un exemple pour décourager d’autres adeptes à l’intrépidité. Vladimir (Vladimirovitch) poutine décida de frapper fort afin d’attaquer "le mal" à la racine : Mikhail (Borisovich) Khodorkovski, l’homme le plus riche de la Russie et ex-patron du groupe pétrolier Youkos, en fut la plus importante victime. Ses velléités démocratiques l’ont conduit dans le goulag de la Sibérie où il purge, depuis 2003, une peine de huit ans de prison. Officiellement pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle.
Prisonnier politique pour l’Occident et les organisations des droits de l’homme, leurs cris indignés n’y ont jamais rien changé. Pis, Mikhail Khodorkovski risque, dans une nouvelle poursuite, une peine cumulée de vingt ans ! Il est cette fois-ci accusé d’avoir commandité plusieurs meurtres.
On peut s’étonner qu’il n’ait pas déjà été condamné à mort et exécuté. Mais le maitre du Kremlin semble ne pas vouloir bouder son plaisir.
Car l’alternance de façade au profit de Dmitri (Anatolievitch) Medvedev cache mal le fait que Poutine est le vrai- et le seul- maitre de la Russie. Et il le demeurera, sauf imprévu, pour les deux prochains mandats ainsi que l’y autorise la Constitution. Son parti, Russie unie, vient de remporter les élections parlementaires destinées à choisir les députés de la Douma.
Dans le chaos le plus total ; et la contestation générale. Cependant que le parti communiste amorce une percée qui pourrait obliger Russie unie à quelques concessions auxquelles, du reste, tous les observateurs s’attendent. Du jamais vu dans la Russie !
Mais ce que l’on risque de ne jamais voir, c’est l’annulation pure et simple du scrutin, ainsi que le demande candidement l’opposition. Car si la Russie est maintenant pluripartite, elle n’en est pour autant pas démocratique. Pas tant que Poutine en sera aux commandes. Or donc tout porte à croire qu’il le sera pour longtemps encore, du moins pour la décennie à venir. En tous les cas, on ne peut douter que l’homme a la ferme intention de durer : Batman montre les muscles depuis le début de la contestation. Il la réprime durement, sans s’émouvoir outre mesure de timides indignations des chancelleries occidentales.
Barack Obama a une réélection à peaufiner ; et Sarkozy la crise de l’Europe dont il espère d’ailleurs tirer assez de dividendes pour s’assurer d’un second mandat.
Il ne reste plus, pour gêner quelque peu Poutine, que les organisations de défense des droits de l’homme. Autant dire du menu fretin.
Batman et Robin les jugent d’ailleurs assez insignifiants.
Raison pourquoi ils ne leur portent pas la guerre.
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ