mercredi, février 29, 2012

LES LIEUX DU CRIME

By FoQus Media on Wednesday, February 29, 2012 at 6:38am
À priori ce qui relie Dominique Strauss-Kahn(DSK) à Roman Polanski et Julian Assange, c’est le délit sexuel. Ou du moins le fait que les trois personnalités publiques ont dû répondre de ce délit devant la justice d’un autre pays que le leur. Le lieu du crime revêt ici une plus grande importance que la nature du crime lui-même. La question qui se pose est donc : en quoi les sorts de l’ex directeur-général du FMI, du réalisateur à succès, et du fondateur de Wikileaks auraient été différents s’ils avaient été jugés dans leurs pays respectifs ?
"L’affaire DSK" est archi-connue du fait d’une sur-médiatisation, puisqu’elle impliquait l’un des hommes les plus puissants du monde. La projeter hors des lieux de sa commission n’en est pour autant pas aisé, d’autant qu’on ne peut que présumer de l’attitude de l’homme s’il avait réussi à quitter les États-Unis avant d’y être accusé de viol. Y serait-il revenu faire face à la justice américaine ou, instruit de ce qu’il risquait à le faire, DSK se serait refusé à quitter la France. Surtout qu’aux États-Unis les accusations portées à son encontre étaient si graves que rien n’indiquait qu’elles se concluraient à son avantage. Tout d’ailleurs était contre le Français : des apparences à l’opinion publique, jusqu’à la Cour qui lui témoignait d’emblée un préjugé défavorable puisqu’il était riche, Blanc et puissant ! Alors que sa présumée victime- ici la présomption s’était vite transformée en certitude- était une femme de ménage. Noire et monoparentale…
Vu des États-Unis, aucun Goliath ne pouvait l’emporter contre ce David-là.
On imagine l’embarras des autorités françaises si DSK, frappé par un mandat d’arrêt international, s’était réfugié dans son pays afin d’échapper à l’implacable justice américaine. Qu’aurait répondu Paris aux demandes d’extradition que n’aurait manqué d’exiger Washington ? Sans compter la pression internationale puisqu’on aurait admis, de l’autre côté de l’atlantique, que la défection du directeur-général du FMI constituait un aveu de culpabilité.
Au vrai le fait que DSK a été interpellé en sol américain aura été bénéfique pour tout le monde, l’intéressé en premier : toutes les charges de l’accusation ayant été abandonnées, il est désormais libre d’aller où bon lui semble. Même aux États-Unis…

Une liberté dont ne peut se prévaloir Roman Polanski. Car pour le réalisateur américain, son pays, les États-Unis, est désormais synonyme de l’enfer. Ou rien de moins qu’un implacable piège à éviter par tous les moyens. Et l’un de ces moyens a été, pour lui, une fuite de trente ans suite à un viol perpétré sur une mineure. Un délit imprescriptible dans la quasi-totalité des pays occidentaux ! Réfugié en France, et devenu dans l’entretemps un réalisateur à succès, il échappait depuis à la justice de son pays. Or donc son métier l’appelait à sillonner le monde, il allait et venait partout, sans jamais avoir cédé à l’appel des sirènes d’Hollywood. Jusqu’à ce que la justice de son pays le rattrapât en Suisse, pays qu’il visitait souvent et où il possédait un chalet, lequel allait bientôt devenir sa prison temporaire.
Il fut contraint d’y attendre un peu plus de six mois, un bracelet électronique au pied, pendant que Berne planchait sur la demande d’extradition qu’avaient présentée les États-Unis.
Roman Polanski ne doit d’être un homme libre aujourd’hui que parce que la Suisse refusa d’accéder au desideratum américain. Autrement il serait entrain de croupir dans les geôles de son pays. Car, contrairement au cas DSK, sa forfaiture à lui était avérée. Même si au demeurant jugée et d’ores et déjà sentenciée.

Après l’Australie, Julian Assange est né sur le Web, il y vit, il en vit, et risque d’y mourir.
C’est du moins l’impression qu’il donne : accusé de viol dans son pays, le fondateur de Wikileaks se bat bec et ongles pour ne pas comparaitre devant la justice australienne. À croire qu’il y risque la peine mort. Alors même que le système de justice en Grande-Bretagne est identique en tous points à celui qui se pratique en Australie. Mais alors pourquoi répugne-t-il tant à être jugé à Sydney plutôt qu’à Londres ? L’Australie ce n’est quand même pas le Rwanda…
En dernier recours, et afin d’éviter son transfèrement dans son pays natal, Assange pourrait très bien requérir le statut de réfugié politique en Grande-Bretagne. Il n’en est pas loin tant il met un point d’honneur à ne jamais plus fouler le sol de l’Australie.
Mais qu’y craint-il réellement ? Un procès partial, ou que des pans de sa vie, qu’il souhaiterait voir demeurer cachés, ne soient exposés sur la place publique lors des auditions ?
N’est-ce pas lui qui a éventé, dans une posture jubilatoire où gain et gloire se mêlaient, les secrets d’État les plus enfouis, et ceux des personnalités publiques internationales.
"Arsène Lupin" des temps modernes, il se gargarisait alors, ainsi qu’un cambrioleur s’enorgueillit de percer le code des coffres forts réputés inviolables. Julian Assange semble ne s’être jamais interrogé sur les éventuelles conséquences que ses intempestives divulgations pouvaient produire sur les pays et les personnalités visés.
Il a toujours justifié son action "militante" par le droit des citoyens du monde à tout savoir. Il est convaincu, du moins veut-il le faire croire, qu’il n’y a aucune restriction au droit à être informé sur ce que font les pouvoirs et les personnalités publics.
Or donc lui-même est désormais une personnalité publique et mondialement connue. Et pas seulement sur la Toile. Les médias du monde entier affichent sa face d’adolescent enfermé dans une juvénilisation inachevée. Un éternel adolescent à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession tant il transpire l’innocence.
Qu’à cela ne tienne, les citoyens du monde devraient bénéficier du même droit de tout savoir sur la vie passée de Julian Assange. Puisque lui-même a toujours défendu cette position lorsqu’il mettait à nu la vie des autres sur la place publique.
L’arroseur arrosé : voici un dicton qui convient si bien à la situation actuelle de Julian Assange que l’on croirait qu’il n’a été inventé que pour lui. Pendant ce temps "Monsieur Wikileaks" s’ingénie à faire mentir cet autre adage qui pose que le criminel revient toujours arpenter les lieux de son crime. Or donc Julian Assange, lui, évite résolumemt ces lieux. Il tient manifestement son Australie natale en horreur. Au point de se battre pour ne jamais plus y remettre les pieds.
Et pour cause…
EMERY UHINDU-GINGALA GINGANJ



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